Construction : baisse de la production en Europe

Comparée à certains voisins européens, la baisse de la construction en France n'est pas si catastrophique. Car la situation n'est guère réjouissante pour le bâtiment, autant dans la zone euro que dans celle plus large des 28 pays membres de l'union. Selon Eurostat, la production de la construction a baissé de -1,8 % en septembre 2014, comparé à août 2014. Les pays hors euro s'en sortent bien, car globalement sur les 28 cette baisse n'est que de 0,9 %. C'est en Italie que l'on construit le moins, et en Espagne que l'on construit le plus sur 1 an.

Construction : l'Europe dans le rouge

Les chiffres de la construction ne sont guère rassurants en Europe. Dans la zone euro, la production a chuté de -1,8 % en septembre 2014, par rapport à août 2014. Rapporté sur 1 an, c'est-à-dire en septembre 2014 par rapport à septembre 2013, le secteur a baissé de -1,7 % dans la zone euro. Ramené aux 28 membres de l'UE (Union Européenne), les chiffres sont toutefois amortis. La baisse n'est que de -0,9 % en septembre par rapport à août, et de -0,4 % sur 1 an.

 

Une courbe en montagnes russes

Le graphique proposé par Eurostat, montre que le secteur du bâtiment en Europe a vécu des pics très divers, depuis la fin 2009. La courbe a par ailleurs commencé à chuter depuis mars 2008, pour remonter brusquement en juin 2010. Pendant toute cette période, la construction était plus active en zone euro que sur la globalité des 28. Les choses commencèrent à changer au 3e trimestre 2010, depuis cette date la production globale dans l'UE a le plus souvent été supérieure à celle de la seule zone euro. L'écart est d'autant plus voyant à partir du 1er trimestre 2013.

 

Ces pays d'Europe où l'on construit le moins

Les variations de la production de construction peuvent être très élevées d'un pays à l'autre, ce qui peut quelquefois s'expliquer par le climat.

Par exemple, en Slovénie la baisse est de -8,6 % en septembre par rapport au mois d'août, ce qui peut s'expliquer par le fait que l'on construit plus en été. Derrière la Slovénie vient l'Italie, avec -5,4 % sur un mois. La Suède prend la 3e place avec -3,2 %, tandis que la baisse de la construction en France, selon Eurostat, est de - 2,3 %. Si ces chiffres diffèrent du rapport mensuel de la FPI (fédération des promoteurs immobiliers), la différence tient dans le fait qu'Eurostat prend en compte le génie civil.

Sur une période d'1 an, c'est l'Italie qui prend la tête des pays où l'on construit le moins, avec une baisse de la production de -10,6 %. Le Portugal prend la 2e place avec -5,2 %, et la France arrive 3e avec -3,4 %. Le phénomène atteint même l'Allemagne, avec -1,5 %.

 

Ces pays européens où l'on construit le plus

C'est la Roumanie qui affiche la meilleure santé du bâtiment d'un mois sur l'autre, avec une hausse de la production de +7,9 %. La République tchèque prend la 2e place loin derrière avec +2,7 %, talonnée par la Bulgarie avec +2,4 %. Il n'y a donc aucun pays de la zone euro sur le podium.

En revanche ramenée sur 1 an, c'est l'Espagne qui tire le secteur du bâtiment européen vers le haut, avec +9,1 %. Les 2e et 3e du classement sont hors zone euro, avec la République tchèque (+8,2 %) et la Hongrie (+7,3 %).

 

Zone euro vs Europe des 28

À la lecture des chiffres d'Eurostat, il est clair que le bâtiment se porte mieux hors zone euro. Les différences sont par ailleurs particulièrement marquées sur 1 an. Alors que la construction des bâtiments au sein des 18 pays membres de l'euro baisse de -1,2 % en septembre 2014 par rapport à septembre 2013, elle augmente de +0,3 % si l'on prend en compte les 28 membres de l'Union Européenne. Même constat du côté du génie civil : -2,1 % pour la zone euro, -1,9 % pour l'ensemble.

 

Ces pays européens qui font des envieux

Bâtiment et génie civil confondus, Eurostat accorde -3,4 % pour la France. Encore que selon l'agence européenne, la situation semble se redresser pour l'Hexagone, qui repart à +0,3 % en août 2014, par rapport à août 2013. Mis à part la fantastique forme de l'Espagne (+18 % en août), de jeunes challengers européens font rêver les promoteurs français. On regarde avec envie la Pologne et sa production en hausse de +2,7 % sur 1 an, ou encore la Roumanie et ses +2,9 %. On rêve d'atteindre un jour le niveau de la Slovénie qui affiche une insolente progression de +6,2 %, et l'on se demande comment fait la Hongrie pour augmenter la production de sa construction de +7,3 %.

Parmi les poids lourds de l'Union Européenne, seul le Royaume-Uni affiche de bons résultats avec +2,4 %.

 

Des résultats peu encourageants pour l'acheteur

La baisse du secteur de la construction en Europe ne prête pas à l'optimisme, dans un contexte où les prix de l'immobilier des capitales européennes ne s'arrêtent plus de grimper. En mai, la BCE (Banque Centrale Européenne) avait fait part au public de son inquiétude sur les prix du m² en France, en Finlande en Belgique, qui semblait s'envoler hors de contrôle. En juillet, c'est autour de l'agence de notation Moody's de mettre en garde la Grande-Bretagne sur l'arrivée d'une bulle immobilière.

Les ménages suédois sont quelquefois endettés à 174 % de leur revenu après impôt, pour pouvoir acheter un logement décent à Stockholm. Et la situation ne risque pas de s'arranger, car d'après les autorités suédoises, la capitale pourrait voir sa population augmenter de 50 % d'ici à 2030.

 

Solution : dérèglementer la construction

La France n'est pas la seule à faire face a un problème de trop-plein de réglementation en matière de construction. Des règlements venus s'ajouter aux précédents au fil des changements de gouvernement, ont fini par créer un déséquilibre immobilier. Alors que l'Irlande compte un large catalogue de maisons inhabitées qui ne se sont jamais vendues, on ne construit pas suffisamment à Dublin. La différence est telle que les prix du m² ont augmenté en moyenne de +5 % en Irlande, et de +23 % uniquement dans la capitale.

Et pourtant des solutions existent, à l'exemple des Pays-Bas. Les autorités néerlandaises ont plafonné le prêt à 106 % de la valeur du bien immobilier, et ont coupé les réductions d'impôt sur les intérêts de l'emprunt. Résultat : les prix de l'immobilier ont chuté de 20 % en 3 ans.