Le numérique au secours des coûts de la construction

Rien ne va plus dans le secteur de la construction. Les ventes sont en chute de plus de 8 % d'un trimestre à l'autre, et les municipalités délivrent de moins en moins de permis de construire. Les procédures s'ajoutent les unes aux autres, ralentissant considérablement le travail des promoteurs. Alors que les prix de l'immobilier ancien baissent, ceux du neuf stagnent, voire augmentent dans certains départements français. Pourtant dans un contexte de niveau historiquement bas des taux de prêt immobilier, les ménages devraient se tourner vers les appartements neufs. Mais ils ne le font pas, car réserver dans un programme immobilier nécessite un budget beaucoup plus important que dans de l'ancien. Face à ce constat, la ministre du logement, Mme Sylvia Pinel, a présenté de nouvelles mesures destinées à abaisser le coût de la construction.

Les mesures supplémentaires pour abaisser le coût de la construction

Le recours au numérique

Si les outils numériques ont permis d'abaisser les coûts de production de nombre de métiers, le secteur de la construction ne s'en était pour l'instant pas véritablement doté. Le gouvernement a donc chargé M. Bertrand Delcambre, président du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), de se pencher sur le problème. Ce dernier a remit le résultat de ses travaux à la ministre du logement, Mme Sylvia Pinel, le 2 décembre dernier.

Cette dernière a salué les propositions, qu'elle juge « efficaces et pragmatiques ». La ministre a notamment mis en avant le souci de s'adapter aux besoins des petits structures. La mise en application de ces recommandations devrait déboucher sur une économie de 35 € par m² dans le coût de la construction, aux dires de la Fédération Française du Bâtiment. Si ce calcul s'avère exact, et si effectivement les promoteurs font profiter les acheteurs de l'économie, le prix d'un appartement de 80 m² s'allégerait de 2800 €.

Le budget alloué pour ce programme se monte à 20 millions d'euros.

Simplifier pour construire moins cher

Des mesures de simplification des règles de la construction avaient déjà été annoncées cet été par le premier ministre, M. Manuel Valls. Le plan de Mme Pinel rendu public hier, va dans la continuité de cette première salve de réforme.

Le thème des parkings revient de nouveau sur la table, la construction de ces derniers représentant un poids important dans le prix d'un appartement neuf. L'objectif est donc d'alléger les règles imposant la présence de parking, en particulier pour les vélos.

La Ville de Paris est la première à expérimenter le procédé, grâce à une modification du Plan Local d'Urbanisme (PLU). Dans la capitale, les constructeurs d'un immeuble de moins de 2000 m² n'ont pas l'obligation de fournir des places de stationnement. Au dire de la municipalité, seul un Parisien sur 2 possède une voiture, les bailleurs sociaux de la capitale notent d'ailleurs que 26 % de leurs places de parking sont vides.

Début septembre, le chantier d'un immeuble d'habitations neuves et sans parking a débuté dans le 18e arrondissement, le premier depuis 1977.

Accélérer la délivrance des permis de construire

Les chiffres de la construction publiés au mois de novembre par le commissariat général au développement durable, ont poussé les autorités à agir vite. Sur 12 mois, les autorisations de construction ont baissé de 12,1 %. En cause : la morosité de l'économie, mais également la difficulté administrative.

Selon la FPI (Fédération des Promoteurs Immobiliers), pas moins de 5 ans sont nécessaires entre le choix d'un terrain constructible et la remise des clés aux propriétaires.

Mme Pinel a donc annoncé des mesures destinées à accélérer la délivrance des permis de construire. L'enquête publique sera par exemple remplacée par une « mise à disposition », et le temps de traitement des recours sera fortement raccourci. Cet ensemble de mesures destinées à diminuer le temps de traitement devrait avoir « un impact important sur les délais et les coûts ».

Diminuer le coût de traitement de l'amiante

L'amiante pose un problème sanitaire dans le bâtiment, il est donc traité avec le plus grand sérieux par les constructeurs. Mais ce dispositif de traitement coûte du temps et de l'argent. Et bien entendu ce coût de production se retrouve dans le budget de l'acheteur. Mme Pinel a donc annoncé un budget de 20 millions d'euros, afin de développer des outils de détection et d'extraction de l'amiante.

L'amiante a souvent été utilisé dans la construction, pour ses propriétés d'isolation phonique et thermique. Mais il s'agit d'un matériau fragile, dont les fibres finissent par être inhalées par les habitants. Son utilisation a donc été progressivement restreinte dans les années 70, pour être finalement totalement interdite en 1997. Si l'on n'en trouve donc plus dans les programmes immobiliers neufs, les constructeurs ont toujours l'obligation de procéder à des tests. Selon le ministère du logement, développer des outils de détection et d'extraction permettra de réduire cette contrainte en termes de temps, tout en conservant le même niveau de sécurité sanitaire.

Améliorer la formation des ouvriers artisans

Un budget de 30 millions d'euros sera utilisé dans un programme de formation « pour la qualité de la construction et la transition énergétique ». Ouvriers artisans se verront ainsi enseigner les techniques innovantes et les bonnes pratiques. Aucune précision n'a toutefois été apportée sur l'incidence de cette mesure dans le coût de la construction.

 

Prix de l'immobilier neuf en France

D'après l'étude trimestrielle de la FPI, le m² neuf moyen s'achète 3683 € en province, et 4648 € en Île-de-France. Cela donne un prix de vente moyen de 3946 € en France métropolitaine.

Selon les notaires, le m² moyen d'un appartement ancien se monte à 2300 €/m² en province, et à 5410 €/m² en Île-de-France. Concernant ce dernier chiffre, il convient de prendre en compte le prix des appartements à Paris, proches de 8000 €/m².

Si l'on rentre dans le détail, on s'aperçoit qu'un appartement ancien se vend en moyenne 2680 €/m² dans l'Essonne (91), ce qui est bien inférieur à la moyenne régionale.

Pour les notaires de province, le prix moyen d'un appartement neuf en dehors de la région parisienne se monte à 3540 €/m². Les studios neufs sont les plus chers avec 4590 €/m², les 5 pièces familiaux sont les moins chers à 3200 €/m².

Toujours pour les chambres de notaire hors région parisienne, la différence est flagrante entre le neuf et l'ancien. Dans l'ensemble, les appartements anciens se vendent 2300 €/m², ce qui va du studio à 2800 €/m² au 5 pièces à 1910 €/m².