Immobilier à Londres : les Français en tête des acheteurs étrangers

Comment expliquer le regain d'intérêt des riches français pour l'immobilier londonien ? Ce pourrait être la hantise d'une crise de l'euro suite à la sortie de la Grèce, ou bien le sempiternel exil fiscal. En tout cas ce ne sont pas les prix, qui ont encore grossi de 13 % dans le centre de Londres l'année dernière. Dans un même temps ils reculaient de 1,9 % sur 1 an à Paris, pour finalement passer sous la barre des 8000 €/m² en janvier. Et pourtant la France dispose de dispositifs de défiscalisation efficaces, oui mais sujets à un plafond global.

Les Français représentent 5 % des transactions immobilières dans le centre de Londres

Selon l'agent immobilier Knight Franck, les français seraient en tête des acheteurs étrangers dans la capital anglaise. En 2014 ils auraient réalisé 5 % des transactions, ce qui est mieux que les Russes, à qui on l'on accordait auparavant la première place. Ces derniers sont désormais aussi actifs que les Italiens, pour représenter 4 % des ventes l'année dernière. La 3e place est prise par les Américains et les Indiens, avec respectivement 3 %. Les Saoudiens et les ressortissants des pays du golfe ferment la marche avec les Chinois et les Irlandais, réalisant 1 % des transactions de la capitale britannique.

Toutefois il s'agit de relativiser, car nos compatriotes se tournent généralement vers des biens de l'ordre de 1,3 millions d'euros, loin des spéculations excessives qui alimentent le spectre d'une bulle immobilière. Ils privilégient surtout des quartiers comme Chelsea, Marylebone ou Knightsbridge. La clientèle russe se situe comme d'habitude dans le segment des très hauts patrimoines, et recherche un pied-à-terre sécurisé pour placer ses avoirs loin des tambours de la guerre et des sanctions économiques. L'acheteur russe se tourne en général vers un bien immobilier de plus de 20 millions de livres.

La motivation des ménages français semblent être liée à l'instabilité économique, selon un analyste de l'agence Chestertons cité par LeFigaro.fr. Au cas ou les désaccords entre la Grèce et le reste de la zone euro débouche vers une sortie de la péninsule hellénique et un retour au Drachmes, le Royaume-Uni deviendrait alors le nouveau coffre-fort. En supplément, les difficultés économiques rencontrées en France pourraient pousser certains ménages à hauts revenus et patrimoine important à rechercher la sécurité outre-Manche.

 

Et pourtant des outils de défiscalisation existent en France

Conscient de la crise du bâtiment, le gouvernement de M. Manuel Valls a mis en place une mesure phare, destinée à alléger les impôts des particuliers en échange d'un investissement immobilier locatif. La loi Duflot a ainsi cédé sa place à la loi Pinel, permettant à un ménage de choisir entre 3 durées de mise en location. Sur 6 ans ou 9 ans la remise d'impôt correspond à 2 % du prix du bien acquis, de 10 ans à 12 ans le cadeau fiscal descend à 1 %. En se basant sur un plafond d'investissement de 300 000 €, un foyer qui maintiendrait en location pendant 12 ans économiserait 63 000 € d'impôts à terme.

Cependant ces mécanismes de défiscalisation sont connus des hauts revenus, et maîtrisés par leurs conseillers en gestion de patrimoine. S'ils sont avantageux, ils s'adresse avant tout aux CSP+, car le plafond global des niches fiscales se situe à 10 000 € par an et par foyer, sur les investissements détenus en France métropolitaine. Les mêmes opérations effectuées dans les DOM-TOM donnent lieu à une défiscalisation maximum de 18 000 €, ce qui permet à un ménage d'abaisser ses impôts de 28 000 € par an maximum.

Heureusement d'autres dispositifs échappent au plafond, comme l'investissement Malraux. Le projet nécessite généralement de se rapprocher d'un conseil avisé, car les biens immobiliers sont rares. Ils doivent se trouver dans une zone de mise en valeur du patrimoine, et nécessiter des travaux de réhabilitation. Les travaux doivent être conduits par un architecte des bâtiments de France, et effectués dans les 3 ans suivant l'obtention du permis de construire. Le projet permet de réduire les impôts de l'investisseur de 30 000 € supplémentaires par an, pendant 3 ans.

 

Immobilier : les millionnaires préfèrent Londres à Paris

Les grands investisseurs préfèrent Londres, et ce n'est pas nouveau. Un article paru l'année dernière dans le Nouvel Obs faisait déjà état de l'engouement des millionnaires pour Londres, New York et Hong Kong. Paris avait déjà perdu sa 4e place pour la céder à Miami, et descendre à la 6e position juste derrière Singapour.

Et aujourd'hui la tendance semble continuer. Axa Real Estate, déjà bien présent dans l'immobilier à Londres, vient d'acheter un terrain au cœur de la capitale anglaise, pour y ériger 93 000 m² de bureaux, magasins et restaurants. Il faudra jusqu'à 3 ans et 400 millions d'euros pour terminer cette tour dont l'ambition est de devenir un nouveau symbole du quartier des affaires de la City.

Vinci fait un pas hors de l'Hexagone dans le cadre de la gestion de stade. Le groupe a obtenu la concession du stade olympique de Londres, se targuant sans doute de son actuel prise en main du joyau emblématique du rugby et du football français : le stade de France. Les travaux en cours déboucheront sur 20 000 places supplémentaires, et la faculté de transformer les lieux pour des concerts de plein air.

Pour mémoire le groupe Vinci avait vu son chiffre d'affaires BTP se contracter de 7,1 % au premier trimestre 2014. Toutefois ces mauvais résultats n'avaient eu que peu d'impact sur la santé du groupe, car l'activité du BTP français n'y représentait que 25 %, pour seulement 10 % du résultat brut d'exploitation.

Même le Qatar, pourtant investisseur bien connu des Français, semble préférer placer ses pétrodollars de l'autre côté de la Manche. Le mois dernier le fonds souverain Quatari avait annoncé avoir jeté son dévolu sur les célèbres tours du quartier de Canary Wharf, pour un montant de 3,5 milliards d'euros. Le petit État du golfe était entré dans le capital en 2009, profitant de troubles financiers que traversait la société gestionnaire du quartier d'affaires. 6 ans plus tard, le fonds réussi à convaincre des ténors comme Morgan Stanley ou le chinois China Investment Corp de leur céder leurs parts.

Mais cela ne fait pas pour autant des Qataris les rois du pétrole au pays de la perfide Albion. Récemment la Famille Royale a vu son projet de construction d'un palace arrêté par le département d'urbanisme de la municipalité. Car il aurait fallu démolir un logement existant pour satisfaire les éminents résidents, ce qui est contraire à la politique urbaine de Londres.