Les banques croulent sous les demandes de prêt immobilier

Au 1er trimestre le nombre de contrats de prêts immobiliers accordés a bondi de 28,3 %, par rapport au 1er trimestre 2014. L’accélération est brusque, car à cette date la hausse n’était que de 1,3 % sur les 12 derniers mois. Taux avantageux et baisse des prix du m² faisant, les banques se sont vite retrouvées avec une avalanche de demandes, c’est ce que rapporte le quotidien lesechos.fr. Surpris par ce réveil surpris des accédant à la propriété et investisseurs, les acteurs doivent s’adapter à grand renfort de personnel en intérim. Cela ne suffit pas toujours, certains sont obligés d’allonger la durée du traitement des demandes. Pour l’instant personne ne s’en plaint, au contraire il s’agirait plutôt d’un signe positif pour le marché de l’immobilier, comme le montre l’interview du président de Foncia.

Délai d’obtention d’un prêt immobilier : 67 jours

La prise de contact avec un candidat emprunteur commence avec une simulation. Dans un 2e temps il est nécessaire de vérifier les informations procurées à l’aide de justificatifs de revenus et de dépenses. Le demandeur doit également fournir un certain nombre de documents destinés à aider le courtier à évaluer sont scoring bancaire.

Le dossier ainsi constitué part ensuite chez plusieurs banques, la meilleure offre étant présentée aux clients. À partir de là, si ce dernier a déjà signé son compromis de vente et une fois le délai de réflexion expiré, il est prêt à passer chez le notaire. Généralement il se déroule 60 jours entre la première simulation et l’octroi pur et simple de la somme empruntée. Mais aujourd’hui les Caisses d’Épargne constatent que le délai de traitement s’est allongé de plus d’une semaine.

 

La date butoir de la promesse synallagmatique en épée de Damoclès

Interrogée par le quotidien lesechos.fr, la directrice adjointe du marché des particuliers chez les Caisses d’Épargne, Mme Romy Lecoq-Champeau, avoue avoir dû réorganiser son service. Car lors de la signature d’un avant-contrat de type synallagmatique (engageant les 2 parties), l’acheteur dispose d’un délai de 2 ou 3 semaines pour prouver au vendeur qu’il a entamé les démarches nécessaires à la recherche du financement.

Dans certains cas c’est déjà chose faite car il s’est préalablement renseigné sur sa capacité d’emprunt, dans la pratique le courtier en prêt immobilier peut contacter le notaire pour lui faire savoir que son client a déjà fait le nécessaire. Mais au bout du compte le candidat acheteur doit avoir bouclé son dossier de financement avant 45 jours. Or l’embouteillage des demandes ralentit le traitement, menaçant de faire échouer la transaction.

Alors chez les Caisses d’Épargne, les ordres de priorité sont attribués en fonction de la proximité de la date d'échéance de la promesse de vente. En supplément un département spécial a été créé pour traiter les renégociations de crédit, qui si elles ne souffrent pas d’une date butoir, menacent le prêteur de voir ses clients partir vers la concurrence.

 

Toutes les banques doivent faire face à une renégociation de taux immobilier

Les réseaux de courtier en crédit sont les plus actifs à communiquer sur la renégociation de taux. Au mois d’avril l’Observatoire CSA/Crédit Logement enregistrait un taux moyen de 2,03 %, bien en dessous de ce que le marché offrait l’année dernière. Mais ceux qui ont le plus à gagner sont encore les ménages ayant souscrit leur prêt immobilier lorsque les taux étaient au-delà de 4 %. Aujourd’hui l’économie réalisable comporte 5 chiffres et ouvre ainsi la porte à un autre emprunt, par exemple à objet locatif.

Et lorsqu’un courtier reçoit le dossier d’un client, il le transmet à plusieurs de ses partenaires afin de les mettre en concurrence. Chacune se fait une joie d’étudier la demande dans les plus brefs délais, motivé par la possibilité d’ajouter un nouveau client dans l’une de ses agences. Cette surcharge de dossier vient donc s’ajouter à la hausse des demandes de prêts immobiliers, et finit par embouteiller les organismes de caution.

 

Crédit Logement doit tripler son temps de traitement

Si certaines banques possèdent leur propre société de caution, la plupart d’entre elles s’adressent à Crédit Logement, garant de plus de 30 % des contrats de prêts immobiliers en France. Ses services reçoivent donc les dossiers en provenance de différents établissements, et se trouvent dans la même situation qu’un fleuve accueillant le flux grandissant de ses affluents : ils débordent.

Alors que le temps de traitement d’un dossier était de 48 heures il y a quelques mois, depuis le début de l’année il faut compter plus d’une semaine pour recevoir l’acceptation ou le refus du cautionnement. Chez Crédit Logement le 1er trimestre a surpris tout le monde. De janvier à mars la société a réussi à garantir 250 000 emprunts pour un montant total de 42 milliards d’euros. En 3 mois seulement elle a réalisé 60 % de son activité de 2014.

 

Prêt immobilier : les soldes vont-elles durer ?

Cet afflux de demandes de financement n’arrive pas par hasard, elle correspond à un niveau de taux de prêt immobilier incroyablement bas. En supplément les prix du m² continuent de s’ajuster à la baisse, et les acheteurs retrouvent confiance. Le patron du réseau immobilier Foncia, M. François Davy, ne cachait pas son optimisme sur France Info hier. Selon lui son groupe a observé une augmentation de 25 % de son activité depuis le début de l’année, et il n’est pas le seul.

Il y aurait aujourd’hui plus d’acheteurs par vendeur, notamment dans le marché de l’ancien. Le neuf pourrait semble-t-il tirer son épingle du jeu, particulièrement grâce à l’engouement des particuliers pour l’investissement immobilier, selon les promoteurs de Toulouse Métropole.

Il reste que l’on observe déjà un léger mouvement de remontée des taux. Sandrine à l’on y est, directrice des relations banque chez vous Vousfinancer.com, note que l’un des partenaires bancaires a déjà remonté ses taux de 0,1 %. Il s’agit sans doute d’une logique commerciale, dès lors que la demande augmente le marché a tendance à pousser les prix vers le haut. On restera quoi qu’il en soit bien en dessous d’taux proposé l’année dernière, et l’arrivée de l’été et de ses mois traditionnellement creux permettra aux banques de souffler un peu.