Focus sur les propriétaires européens

Cette semaine, 2 études majeures se penchent sur l'immobilier européen, et la place de la France en son sein. Tout d'abord le Crédit Foncier nous livre les résultats d'une analyse sur le marché résidentiel, tandis que le cabinet Deloitte compare les prix des logements neufs dans l'UE. On pourrait crier cocorico en voyant la place qu'occupe la France dans les classements, n'eut été l'aspect désavantageux de cette position. Notre marché de l'immobilier neuf est parmi le plus cher d'Europe, ce qui nécessite davantage de sacrifices pour les accédants. Nous sommes majoritairement propriétaires, mais certains font mieux que nous. Il semble que la seule chose dont nous pouvons nous vanter est le faible poids de la dette immobilière sur les revenus des ménages.

La Roumanie, un pays de propriétaires

Les économies les plus actives au sein de l'Union Européenne ne renferment pas forcément le plus de ménages propriétaires de leur résidence principale. Après la chute des régimes communistes dans les années 90, les nouveaux gouvernements se sont mis à vendre des logements jusqu'alors propriété d'État, à des prix très avantageux.

Aujourd'hui si l'on dénombre 70 % de propriétaires dans l'UE pour 30 % de locataires, en Europe de l'Est cette proportion monte à 87 %. Elle descend à 71 % dans le Sud, là où posséder son logement est un objectif social pour les ressortissants. Dans le nord de l'Europe on ne compte que 60 % de propriétaires, avec pour dernière du classement l'Allemagne. Outre-Rhin ils ne sont que 52,6 % à posséder leur résidence principale, tandis que 47,4 % des Allemands préfèrent louer plutôt qu'acheter.

L'étude du Crédit Foncier sur le marché résidentiel européen en déduit que le manque d'intérêt des Allemands pour la propriété immobilière, est dû à une maîtrise de l'inflation, pilier de la culture économique du pays.

Et la France dans tout ça ? Elle prend la 24e position d'un classement qui compte 27 concurrents, avec 64,3 % de propriétaires. Signalons enfin que la bonne santé économique d'un pays aurait tendance à désintéresser ses citoyens de l'immobilier. Pour preuve : la Suisse compte 44 % de propriétaires seulement.

 

L'immobilier neuf, mauvais élève du marché résidentiel

Celui qui souhaite acheter un logement neuf aura mieux fait de partir s'installer en Belgique. Outre Quiévrain les ménages ont besoin de 3,2 années de salaire brut pour devenir propriétaire d'un bien immobilier neuf de 70 m². En Allemagne il n'en faut guère plus, avec 3,3 années. Les choses se gâtent lorsque l'on se dirige vers l'est, en Autriche 5,8 années de revenus seront nécessaires.

Mais à ce petit jeu la France prend une peu honorable 4e place, avec 8 années de salaire nécessaires pour devenir propriétaire d'un 70 m² neuf. On se consolera en pensant aux Anglais qui auront besoin de 10 ans, et aux Israéliens qui doivent réunir le fruit de 12,7 années de travail.

Ils n'empêchent que les chiffres du cabinet Deloitte sur l'index de propriété, peuvent être difficile à interpréter. Ainsi en Irlande il faut désormais 5,2 années de salaire pour s'acheter un logement neuf de 70 m², et pourtant les prix de l'immobilier neuf ont bondi de +31,7 % en 2014.

D'ailleurs pour trouver moins cher il vaut mieux aller en Russie, où les prix ont chuté de -16,6 % en 1 an. Mais l'interprétation de ce résultat doit prendre en compte la chute du rouble face à l'euro.

Ce qui préoccupe, ce sont les chiffres de la construction, et si la France construit de moins en moins, il en va du même dans le reste de l'Europe. L'étude rappelle qu'en 2013 on construisait 2,5 logements par an pour 1000 habitants, alors que la tendance est descendue à 2,4 en 2014.

Dans certaines capitales, acheter un logement neuf est aujourd'hui presque un caprice. Dans le centre de Londres il faudra mettre 14 089 €/m² sur la table, tandis qu'à Paris un budget moyen de 10 266 €/m² nécessaire. D'après les notaires, le prix médian d'un logement ancien à Paris s'établit à 7920 €/m², soit une différence de 23 %.

 

Paris et Londres font grimper les prix de l'immobilier national

L'étude du Crédit Foncier sur le marché résidentiel européen, met en avant une caractéristique commune à la France et l'Angleterre. La région parisienne concentre 18 % de la population française, celle de Londres accueille 19 % des habitants du Royaume-Uni. À titre de comparaison, Madrid et Barcelone se partagent le gâteau, avec respectivement 14 % et 10 %.

Avec une densité de plus de 1000 habitants/km² dans la région parisienne et londonienne, les prix de l'immobilier ne peuvent qu'augmenter. À plus forte raison intra-muros, où Paris concentre jusqu'à 21 400 individus/km², et Londres 10 200/km².

D'ailleurs, cocorico, c'est Paris qui détient le record européen de la densité d'habitants au sein d'une même commune. Et pourtant la France compte 117 habitants/km², alors que l'Allemagne en accueille 226.

La densité en Île-de-France s'exprime d'ailleurs au travers des prix moyens des appartements neufs, compilés par la FPI (Fédération des Promoteurs Immobiliers). En province un studio neuf se vend en moyenne 120 070 €, contre 171 287 € en Île-de-France. Pour le Crédit Foncier il n'y a rien de surprenant à cela. Les pouvoirs « industriels, financiers, administratifs » attirent les investisseurs. Selon ces chiffres, l'agglomération parisienne aurait représenté 77 % de l'investissement tertiaire total français en 2014.

 

Les Européens préfèrent habiter dans des maisons

Une autre étude du Crédit Foncier sur le comportement des accédant à la propriété français, montre une nette préférence pour les maisons. Chez les Irlandais, il s'agit même d'une institution, plus de 95 % d'entre eux la préférant à l'appartement. Même au Royaume-Uni, où pourtant la densité de l'agglomération londonienne pourrait pencher en faveur des ensembles résidentiels.

Ceux qui en Europe habitent le plus en appartements, n'ont en fait pas le choix. À Malte il est désormais difficile, voire impossible de construire sans détruire, alors dans cette configuration près de 40 % des habitants vivent en appartement.

D'autres ont trouvé le juste équilibre en emménageant dans des immeubles comportant moins de 10 logements. C'est la solution dont se contente la Lettonie, qui concerne plus de la moitié de ses citoyens. C'est également le choix qu'a fait l'Espagne, il y aurait aujourd'hui davantage d'appartements dans des immeubles de moins de 10 habitations, que de maisons.

 

Et les champions d'Europe de la dette immobilière sont...

La France est un pays de propriétaires dont la majeure partie a entièrement remboursé son prêt immobilier. Nous finissons donc avec une dette immobilière moyenne de 50 015 € par ménage propriétaire, juste derrière Chypre avec 53 227 €. Mais nous sommes loin, très loin derrière le Danemark qui caracole en tête, avec 189 839 €.

Si l'Europe du Nord n'abrite que 41 % de la population européenne, l'encours des prêts immobiliers représente 63 % de la totalité. C'est en partie une jeune génération de propriétaires qui expliquerait cet écart, et surtout le recours au prêt in fine dans les pays scandinaves.