Immobilier : Paris taxe, Londres bulle et la pierre papier cartonne

Il y a de bonnes et de moins bonnes nouvelles dans le monde dynamique de l'immobilier. Bonne du côté de la pierre papier, car les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) continuent d'afficher une collecte record, inversement proportionnelle à celle du malheureux livret A. Moins bonne nouvelle pour les acheteurs potentiels de logements à Paris. Ils feraient bien de se dépêcher, car la municipalité pourrait rehausser la taxe sur les droits de mutation, rigueur budgétaire oblige. En revanche il vaut mieux attendre avant d'acheter un bien immobilier à Londres, car selon la Deutsche banque la bulle n'est pas loin d'éclater. Focus sur ce qui va occuper l'actualité au cours des prochaines semaines.

La bulle immobilière va-t-elle exploser à Londres ?

Les médias en parlaient déjà depuis plusieurs mois, et Vousfinancer.com en tenait ses lecteurs informés. Jeudi dernier c'est la Deutsche Bank qui vient mettre les pieds dans le plat, en concluant que la « folle envolée des prix ne peut plus continuer », comme le rapporte le site bfmtv.com.

Si les prix de l'immobilier augmentent un peu partout dans le monde sur une longue période, à Londres ils ont quadruplé en 25 ans. Seulement cette flambée ne résulte pas d'une passion de la pierre pour nos voisins d'outre-Manche, mais plutôt d'une fièvre spéculative.

Lorsque dans les années 90 le poids de la place financière londonienne pèse de plus en plus lourd sur l'ensemble de la planète, et fatalement les richesses affluent. Or par un effet qu'il serait bon d'enseigner dans les universités d'économie, les acheteurs mélangèrent la bourse et l'immobilier.

Acheter un appartement ne fut pas comme en France une manière d'asseoir son patrimoine, mais tout simplement d'effectuer un placement à court terme. Un investissement en appelant un autre, de fil en aiguille une sorte de spéculation est née sur l'immobilier à Londres, devant fatalement déboucher sur un point de non-retour.

Comme le rappelle l'auteur du rapport de la Deutsche Bank, en 60 ans Londres n'a vécu que 2 périodes de recul des prix de son m². La dernière fois c'était en 2009 lorsque la crise économique arriva officiellement sur le rivage européen, mais depuis la spéculation est repartie de plus belle.

À cela vient s'ajouter le traditionnel aspect débonnaire du libéralisme anglais. Une importante proportion des demeures des quartiers de luxe londonien sont détenues par des sociétés offshore, enregistrées dans des paradis fiscaux, sans que l'administration fiscale n'y trouve rien à redire. Certains avancent que beaucoup d'achats immobiliers sont effectués à titre de blanchiment, ce qui n'arrange pas la spéculation.

Mais ce qui fait peur à la Deutsche Bank c'est avant tout une hausse des taux d'intérêt combinée à une probable chute des prix du m². Les propriétaires n'auront plus que leurs yeux pour pleurer, les acheteurs n'auront plus suffisamment de capacité d'emprunt, reste à savoir combien de temps mettront les vendeurs avant de jeter l'éponge et d'accepter de céder au rabais.

Paris va-t-il augmenter ses droits de mutation ?

Il manque 400 millions d'euros à la direction municipale de Paris pour boucler son budget 2016. Inutile de compter sur Bercy, qui a déjà eu bien du mal à maintenir les aides au logement pour l'année prochaine. L'heure est plutôt à la prudence sur les dépenses (pour ne pas dire à l'austérité), ainsi la capitale devra tirer un trait sur 200 millions d'euros en dotation l'année prochaine.

Il va donc bien falloir augmenter les recettes, et il y a fort à parier que les propriétaires soient mis à contribution. La première piste évoquée est celle de la hausse des droits de mutation. Depuis mars 2014 les conseils généraux ont la possibilité d'augmenter cette taxe de 3,8 % à 4,5 % du montant de la transaction immobilière.

Paris faisait partie des rares départements de France à avoir laissé leurs taxes tels qu'elles, mais le nouveau coup de rabot de Bercy pourrait bien avoir raison de cette résistance.

Toutefois même si le rehaussement des droits de mutation de 3,68 % à 4,5 % permettraient d'engranger 140 millions d'euros, cela ne sera pas suffisant. Heureusement il y a les entrepreneurs américains, et notamment le géant de la location meublée entre particuliers : Airbnb.

Ce site permet aux propriétaires d'un logement de le louer meublé pour de courts ou longs séjours, en toute transparence et en toute sécurité pour le locataire. Le succès est au rendez-vous et fait même la part belle aux hôteliers, pour proposer de charmants appartements confortables 2 fois moins chers qu'une nuitée.

Alors la municipalité de Paris entend bien percevoir une taxe de 0,83 €/nuit et par voyageur. Recettes fiscales estimées : « entre 10 et 15 millions d'euros » selon BFMTV. Faites le compte, ce n'est toujours pas suffisant, il faudra donc bien aller chercher ailleurs.

Si Paris est la ville la plus visitée au monde, aux yeux de la mairie cela ne veut pas dire que l'on puisse y installer sa résidence secondaire. Pour un logement de villégiature on ira s'installer à la campagne, sous peine de voir sa taxe d'habitation majorée de 20 %. Il reste que toutes ces mesures doivent encore être étudiées par la municipalité, mais rigueur budgétaire oblige, il ne faut pas s'attendre à de la dentelle.

Pendant ce temps, la pierre papier attire les investisseurs

Il est né en 1818, il a résisté à toutes les crises et tous les booms financiers, mais aujourd'hui les Français lui font des infidélités. La décollecte du livret A s'élève à 3,25 milliards d'euros en septembre, d'après la CDC (Caisse des Dépôts et Consignations). En cause : un rendement à 0,75 % qui n'intéressent plus grand monde.

En revanche du côté des SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) c'est un autre son de cloche. Les 166 entités gérées par 27 groupes ont enregistré une collecte nette de 1,857 milliard d'euros, selon les chiffres de l'ASPIM (Association Française des Sociétés de Placement Immobilier).

Pour mémoire, le principe consiste à acheter des parts d'un parc immobilier, et de percevoir une part du loyer à titre de dividendes. Ces actions s'achètent sur un marché primaire ou secondaire, ce dernier ne représentant que 0,91 % de la capitalisation. Il s'agit d'un placement que l'on conserve, et que l'on peut même financer à l'aide d'un prêt immobilier.

Et avec un rendement moyen dépassant les 5 % depuis ces dernières années, le succès est indéniable.