Retour en force de l'immobilier de luxe

Paris remonte désormais à la 7e place des villes les plus recherchées par les grandes fortunes. Les riches acheteurs reviennent vers l'immobilier de luxe français, tant sur la Côte d'Azur que sur les stations de ski prisées. Les Anglais restent globalement les premiers acquéreurs étrangers non-résidents, profitant tout comme les Américains d'une forte hausse de leur pouvoir d'achat. Mais ils sont concurrencés par les acheteurs du Moyen-Orient, qui se réfugient sur la valeur de l'immobilier haut de gamme français pour se constituer un portefeuille.

Qui sont les étrangers qui achètent l'immobilier français ?

CSP+ et pas forcément riches

Pas besoin d'être riche pour s'intéresser à la pierre française. La différence de pouvoir d'achat et de devises placent les acheteurs britanniques en tête des propriétaires étrangers. Ces derniers ne sont d'ailleurs pas nombreux, les notaires estiment que seulement 1 % des transactions immobilières sont réalisées par des étrangers non-résidents.

Si en 2006 et 2007 cette proportion atteignait 2,8 %, ce score était le résultat d'une sorte de spéculation alimentée par une bonne période économique. Puis la crise économique s'installa, et la part d'étrangers acheteurs d'immobilier français descendit à 1,4 % en 2014.

Les Britanniques en tête, les Suisses sont derniers

D'après un graphisme proposé par les notaires, en 2005 les acheteurs résident au Royaume-Uni représentaient 44 % des transactions réalisées par des étrangers non-résidents. Mais la première place financière mondiale qu'est Londres fut touchée de plein fouet par la crise économique, et cette proportion ne cessa de descendre, jusqu'à atteindre 20 % en 2011.

Aujourd'hui les Anglais restent majoritaires, pour compter à hauteur de 27 % parmi les acheteurs étrangers non-résidents. Il fut un temps où les Italiens prenaient la 2e place, mais la courbe commença à s'inverser elle-aussi avec l'arrivée de la crise économique sur les rivages européens. De 22 % en 2009 ils ne représentent plus que 10 % aujourd'hui, distancés par les Belges.

Les acheteurs d'outre Quiévrain représentent 13 % des propriétaires d'immobilier français non-résidents. Les suisses aussi s'y intéressent, ils représentent 6 % des transactions étrangères en 2015.

Les étrangers achètent de l'immobilier un peu partout en France

Les moyen orientaux investissent dans la valeur-refuge

D'après un porte-parole de Barnes cité par le quotidien économique leséchos.fr, « depuis 6 mois une déferlante de la clientèle de la péninsule arabique en provenance de Dubaï, Doha, du Qatar et de l'Arabie Saoudite » jette son dévolu sur Paris.

On peut clairement y voir un effet des accords sur le nucléaire iranien, et du rééquilibrage géopolitique des forces de la région. Car l'immobilier de luxe est une valeur refuge pour les riches acheteurs. Ils y consacreraient d'ailleurs 25 % de leur patrimoine, particulièrement dans un contexte où les marchés financiers sont au bord de l'explosion.

Cette clientèle du Moyen-Orient veut de l'espace, et ne visite rien en dessous de 200 m², elle considère la pierre comme la véritable composante d'un portefeuille. Toujours dans les colonnes des Échos, Barnes cite le cas de cet acheteur étranger non résident, déjà propriétaire de 3 hôtels particuliers du côté de l'avenue Foch. Il a récemment acquis 2 appartements de 300 m² dans le même secteur, destinés à 2 de ses enfants.

Cet autre acquéreur s'est tourné vers un appartement de 135 m², dans le seul but de loger le personnel de son hôtel particulier du Champ-de-Mars. Mais la palme de l'inattendu vient de cet autre acquéreur, qui a réglé cash le prix d'achat ainsi que les frais de notaire, 10 jours avant de signer la promesse de vente.

Même dans la belle pierre classique

En Île-de-France les Italiens sont majoritaires depuis longtemps, suivis par les Américains et les Britanniques. Parmi les acheteurs étrangers non résidents, on trouve également 6 % de propriétaires algériens, et 4 % de Marocains.

Les Anglais préfèrent la partie Ouest, là où on les attendait davantage au soleil de la Côte d'Azur. Dans le Midi de la France on trouve une forte proportion d'acheteurs « issus des pays frontaliers », pour citer les notaires.

L'immobilier d'exception retrouve des couleurs

Il y a les maisons et appartements de luxe aux alentours d'1 million d'euros, et puis il y a les biens immobiliers d'exception. Ils sont proposés par des agents spécialisés, tels que Feau, Barnes, Sotheby's pour ne citer qu'eux.

S'ils ont vécu des moments difficiles au cours des dernières années, la chute de l'euro a inversé la vapeur. Ainsi chez Sotheby's on affiche une progression de 155 % des ventes à la fin 2015. Cette performance serait la conséquence de taux de crédit abordables, car même les acheteurs étrangers non résidents peuvent emprunter dans les banques françaises. Cependant la forte baisse des prix de la pierre d'exception a également joué un grand rôle, pour quelquefois atteindre 20 %.

Chez Barnes on affiche encore plus de sourires, avec des transactions en hausse de 340 %. Vu d'ici le chiffre paraît assourdissant, en réalité il s'agit de 17 transactions sur le sol français en 2015, contre 5 en 2014. Il faut dire que le catalogue de l'agent affiche des biens immobiliers pouvant dépasser 10 millions d'euros.

Toutefois il s'avère que les maisons et appartements mis en vente pour moins de 2 millions d'euros sont également bien partis, avec notamment 38 % de transactions supplémentaires en 2015.

Mais immobilier haut de gamme français a de la concurrence

Une étude de la banque suisse UBS et du cabinet Wealth-X classait Paris à la 5e place des villes les plus recherchées par les grandes fortunes en 2011. Mais justement le volume a créé l'inflation, et après que les prix aient bondis, la capitale française a perdu son attrait pour finir au 10e rang en 2014.

Par la logique des mécanismes de l'offre et de la demande, les prix repartent donc à la baisse sur l'immobilier de luxe et Paris grimpe de 3 places dans le classement en 2015. Elle reste toutefois derrière les classiques comme New York, Londres, Genève Hong Kong.

Mais elle regagne de l'intérêt aux yeux des acheteurs fortunés, car alors que les prix du m² ont explosé dans les grandes capitales recherchées, ils ont diminué à Paris. Ajoutez à cela un fort gain de pouvoir d'achat suite à la baisse de l'euro contre la livre sterling et le dollar, et l'on obtient de l'optimisme chez les agent d'immobilier haut de gamme.