Logement des jeunes : une priorité de l’État pour 2016

Malgré une reprise timide du marché de l’immobilier l’année dernière, jeunes et primo-accédants éprouvent toujours d’immenses difficultés à se loger. Demande très forte, offre limitée, loyers élevés… Les inégalités se renforcent sur fond de crise du marché de l’emploi. Pour éviter qu’elles ne se creusent toujours plus, le gouvernement a fait du logement des jeunes l’une de ses priorités pour 2016, qu’il s’agisse de location ou d’accès à la propriété. Voici comment.

Quand l’État veut dynamiser le secteur immobilier

Pour un meilleur accès au logement, rien ne vaut un marché de la pierre en bonne santé. Quand les logements sortent de terre et que les investisseurs achètent pour mettre en location, l’offre devient capable de répondre plus efficacement à la demande qui, elle, ne faiblit jamais. Or, comment favoriser le dynamisme de l’immobilier ? En prolongeant les mesures gouvernementales qui ont prouvé leur utilité en 2015.

La défiscalisation Pinel

Le dispositif Pinel visant à encourager l’investissement locatif à coups de réduction d’impôt a été reconduit en 2016. Ce crédit d’impôt peut aller jusqu’à 6 000 euros par an pendant 12 ans.

Le montant dépend du nombre d’années pendant lesquelles le propriétaire s’engage à louer son bien (sachant que le loyer est plafonné en fonction des zones éligibles) : 12 % sur 6 ans, 18 % sur 9 ans, 21 % sur 12 ans. Institué par zones, le dispositif est accessible et particulièrement avantageux dans des villes où la demande locative est forte. En outre, la prolongation en 2016 a été assortie du droit de louer à ses proches, enfants ou parents.

La prolongation des dispositifs à visée écologique

Deux dispositifs d’aide aux travaux de performance énergétique (voir le détail ici) ont été reconduits en 2016. D’une part, le CITE, ou Crédit d’Impôt Transition Énergétique, permet de bénéficier d’un crédit d’impôt de 30 % sur les travaux de rénovation énergétique. D’autre part, l’éco-PTZ, ou éco-prêt à taux zéro, est un prêt dénué d’intérêt qu’il est possible de souscrire pour financer des travaux d’amélioration de la performance énergétique, sous certaines conditions.

Si ces dispositifs n’impactent pas directement sur le logement des jeunes, ils favorisent néanmoins la bonne santé du secteur de l’immobilier. Et peuvent, par exemple, justifier d’une remise à neuf de logements anciens ou impropres à l’occupation qui pourront ainsi être remis sur le marché.

Le nouveau prêt à taux zéro à destination des jeunes acquéreurs

Malgré une volonté politique réaffirmée depuis plusieurs années par les gouvernements successifs, les inégalités face à l’accession à la propriété n’ont cessé de se creuser. En cause ? Les prix. Trop élevés partout dans l’Hexagone, inabordables dans les villes à forte densité comme Paris et sa petite couronne, les prix des logements sont le premier frein pour l’accès des jeunes à la propriété. Surtout quand le marché de l’emploi nage en plein marasme et que les salaires n’augmentent pas.

Les difficultés des primo-accédants

Dans ce contexte, les primo-accédants ne sont pas suffisamment nombreux. Leur part devrait être de 50 % dans un marché sain, mais elle n’était que de 30 % en 2015. Faute de bien immobilier à revendre, les jeunes emprunteurs doivent acheter plus petit que leurs besoins réels, plus loin de leur lieu de travail, et ils sont en outre forcés de s’endetter plus pour y parvenir. En 2015, cette situation était surtout vraie en Île-de-France, région qui concentre toutes les problématiques liées au logement.

Détails du nouveau prêt à taux zéro

Dans le but d’encourager les primo-accédants, le gouvernement a donc décidé de prolonger, de renforcer et d’élargir le prêt à taux zéro. Ce dispositif, réservé aux particuliers qui désirent acquérir leur première résidence principale, se transforme souvent en apport personnel. Voici ce qui a changé avec ce nouveau PTZ :

  • Il permet désormais de financer 40 % de l’achat d’un logement neuf, contre 18 à 26 % auparavant ;
  • Il s’étend à l’immobilier ancien et à l’ensemble du territoire (toutefois, l’achat d’un logement ancien ne peut être adossé au prêt à taux zéro que s’il nécessite des travaux de rénovation dont le montant représente au moins 25 % du prix d’acquisition) ;
  • Il sera valable encore deux ans à partir de son entrée en vigueur au 1er janvier 2016 ;
  • Les jeunes emprunteurs peuvent différer le début du remboursement de leur prêt de 5 à 15 ans ;
  • Les prêts peuvent être allongés à 20 ans, ce qui permet de réduire les mensualités.

Des conditions d’accès simplifiées et élargies

Ainsi, le prêt à taux zéro a été simplifié pour être accessible à davantage de jeunes désireux d’accéder à la propriété pour la première fois (la notion de « jeune » s’entendant dans un sens large, dans la mesure où l’âge de première acquisition d’un logement est de 34 ans). Au moment de contracter un crédit immobilier, les emprunteurs bénéficient donc de montants de prêts plus importants (ce qui peut leur permettre également d’acheter un bien plus onéreux, plus proche du centre-ville par exemple) et de plafonds de ressources relevés.

Le gouvernement table sur un nombre de 120 000 prêts à taux zéro accordés d’ici à la fin de l’année 2016. Il estime que 10 000 de ces prêts devraient concerner un achat dans l’ancien.

La nouvelle garantie loyers impayés pour les jeunes locataires

Le marché de la location est lui aussi freiné par les coûts élevés des loyers et les conditions de plus en plus exigeantes imposées par les agences immobilières et les propriétaires. Dans un contexte économique qui n’est pas à l’avantage des salariés, il est difficile de présenter les garanties nécessaires qui sont celles de l’accès à la location dans les zones les plus tendues.

Le dispositif Visale de sécurisation des loyers

C’est pourquoi le gouvernement a annoncé la mise en place d’un dispositif favorisant l’accès à la location pour les jeunes candidats qui n’ont pas les moyens de présenter des garanties suffisantes. Entré en vigueur le 1er février 2016, ce dispositif, appelé Visale (Visa pour le logement et l’emploi), fonctionne comme feu la garantie universelle des loyers, qui n’a finalement jamais vu le jour : elle permet à l’État de se porter garant pour de jeunes locataires qui viennent de décrocher un emploi.

Les conditions d’accès

Ce dispositif vise en particulier les candidats à la location les plus fragiles. Financé par Action Logement et entièrement gratuit, aussi bien pour les bailleurs que pour les locataires, il s’adresse :

  • Aux salariés de moins de 30 ans qui entrent dans un logement au maximum 12 mois après le début de leur contrat de travail ;
  • Aux salariés de plus de 30 ans, mais au maximum 3 mois après leur prise de fonction et pour un contrat de travail hors CDI ;
  • Aux ménages qui entrent dans un logement privé par le biais d’un organisme d’intermédiation locative.

Salariés, apprentis, intérimaires : tous sont concernés. Néanmoins, des conditions financières sont également appliquées :

  • Les loyers ne doivent pas dépasser 50 % des revenus du locataire ;
  • Le plafond des loyers est de 1 500 € par mois à Paris ;
  • Ce plafond est de 1 300 € par mois en province.

Même si la garantie ne couvre que les 3 premières années du bail (période durant laquelle on constate 95 % des impayés), Visale devrait assurer entre 150 000 et 200 000 locataires en 2016. À partir du 1er janvier 2017, elle sera également accessible aux demandeurs d’emploi.

De quoi favoriser le logement des jeunes, en attendant que de nouvelles idées donnent lieu à de nouvelles mesures pour les années à venir.