Et si vous testiez un bien immobilier avant de l’acheter ?

Passer plusieurs heures ou une nuit entière dans un appartement qui vous plaît, avant de prendre une décision d’achat, c’est une idée qui vous séduit ? Ce service innovant et original, mis en place par le réseau immobilier Capifrance, est désormais disponible sur certains biens. Serait-on en train d’assister à la naissance d’une nouvelle façon de vendre de l’immobilier ?

Tester avant d’acheter : un principe souverain

Pour la grande majorité des personnes concernées, un achat immobilier est l’acquisition d’une vie : on s’endette sur plusieurs dizaines d’années pour devenir propriétaire. C’est une décision qu’il faut peser et repeser, considérer sous tous ses aspects, discuter en couple ou en famille. Or, s’il est désormais possible, grâce à la multitude d’outils digitaux, de se renseigner sur tous les aspects extérieurs au bien – la qualité de vie dans le quartier, le niveau des écoles environnantes, les taxes diverses, les projets de construction pour les dix prochaines années – il subsiste encore un paradoxe : pour cet achat crucial, il n’est possible de visiter le bien que pendant quelques minutes.

Ce qu’il est possible de faire avec des vêtements ou un véhicule restait inaccessible pour une maison ou un appartement. Certes, des protections existent : garanties décennales pour le neuf, possibilité de se retourner contre le vendeur en cas de vice caché… Même le fait de souscrire un crédit immobilier suppose de contracter une assurance emprunteur pour se protéger contre les imprévus. En somme, tout le parcours d’achat est sécurisé. Sauf la qualité de vie dans le bien lui-même !

Début novembre, le réseau de mandataires indépendants Capifrance a donc lancé un nouveau service innovant, proposant aux propriétaires qui l’acceptent de mettre leur bien « à disposition » des acquéreurs potentiels pendant une certaine période de temps, afin de les rassurer dans leur décision d’achat – et même de favoriser cette décision.

Le service d’ « adoption de logement » de Capifrance

Concrètement, un propriétaire qui met en vente son bien immobilier par le biais des conseillers membres du réseau Capifrance, dans le cadre d’un mandat exclusif, peut accepter de mettre ses clés à la disposition des acquéreurs potentiels pour qu’ils testent la maison ou l’appartement qu’ils convoitent. La plage d’essai peut durer quelques heures ou plusieurs jours, selon les situations. L’idée est d’éviter les mauvaises surprises : le boulevard trop bruyant sous les fenêtres durant la journée, les enfants du voisin du dessus qui prennent des leçons de violon, le bar au rez-de-chaussée qui reste ouvert toute la nuit, etc.

Les acquéreurs sont mis au courant de cette possibilité en découvrant le bien sur le site Internet lancé par Capifrance pour l’occasion : le label « à l’essai » apparaît sur les logements dont les propriétaires sont prêts à jouer le jeu.

Pour éviter que cette idée innovante ne se transforme en casse-tête juridique, Capifrance invite les propriétaires concernés à inscrire leur bien sur des plateformes de location saisonnière comme Airbnb, de façon à encadrer le service (notamment en termes d’assurances).

Un service qui peut déclencher un acte d’achat

Au bout du compte, l’objectif n’est pas d’offrir quelques jours de villégiature à un acquéreur potentiel, mais bien de motiver un acte d’achat. Visiter une maison pendant 20 minutes, même à plusieurs reprises, ce n’est évidemment pas suffisant pour juger de la qualité de vie dans un logement : en ce sens, le service Capifrance doit permettre de faciliter la prise de décision, notamment dans le cas de biens présentant a priori des handicaps – vis-à-vis gênant, maison mitoyenne, présence d’une route importante à proximité, etc.

Au cours de la phase de test, un conseiller Capifrance s’est retrouvé avec, dans son catalogue, un appartement de grande qualité, mais dont le positionnement – proche d’une gare – était rédhibitoire pour la plupart des candidats à l’achat. Un acheteur qui a passé une nuit dans le logement a pu s’assurer que l’isolation était suffisamment efficace pour ne pas faire du passage des trains un problème. Le journal Le Parisien – Aujourd’hui en France rapporte une autre expérience du même type : la propriétaire d’une jolie maison dans les Yvelines a décidé d’ouvrir ses portes au service Capifrance après avoir essuyé de nombreux refus d’acquéreurs potentiels. En cause : une route départementale longeant le terrain, bien que séparée par un mur antibruit. Le fait de permettre à des acheteurs intéressés de rester plusieurs heures, voire une nuit complète, a permis à cette propriétaire de les rassurer.

Faire le tri côté acheteurs, une nécessité

Ce service n’est toutefois pas accessible à tout le monde : il faut d’abord se faire connaître du réseau Capifrance et prodiguer quelques gages de bonne volonté (d’achat). Le but est de pouvoir faire le tri parmi les acquéreurs potentiels, et de ne pas laisser de place à ceux qui seraient tentés de « tester » une jolie villa en bord de mer en plein mois d’août en guise de vacances, en faisant de fausses promesses !

Pour pouvoir accéder au service Capifrance, un acheteur devra avoir effectué une première visite et avoir monté un plan de financement solide avec sa banque. Bref, il devra prouver que son intérêt pour le bien est réel.

Une opération qui rencontre un certain succès

L’idée semble plaire, pour le moins : Capifrance a enregistré 500 biens mis à l’essai, et compte bien en atteindre plusieurs milliers dans les mois à venir (le nombre de mandats exclusifs actuellement détenus par les mandataires du réseau).

Finalement, les plus réticents sont bien… les acheteurs ! Craignant l’aspect intrusif d’un tel essai, ils se montrent plus qu’hésitants à franchir le pas, tout en appréciant grandement la possibilité de pouvoir le faire. En substance, pour de nombreux acquéreurs potentiels, le fait qu’un propriétaire accepte de mettre son bien immobilier à l’essai est, en soi, un gage de transparence suffisant, preuve qu’il n’a rien à cacher. Ainsi rassurés, les candidats à l’achat ne sont même pas tentés de passer plus de quelques heures dans la maison ou l’appartement convoité – le seuil d’une nuit étant psychologiquement difficile à passer.

C’est que la transaction immobilière ressemble à toute autre vente : elle est basée sur la confiance. Si vous faites confiance au vendeur de cette voiture d’occasion qui vous laisse essayer le véhicule le temps que vous voulez, pourquoi ne feriez-vous pas pareillement confiance au propriétaire de cette belle maison qui vous invite à venir l’essayer ?

Un service innovant… mais qui existe ailleurs qu’en France !

Il faut tout de même noter que ce service, s’il est innovant en France, existe déjà ailleurs dans le monde. Depuis plusieurs années déjà, le site PreviewStay (voir cet article) propose à tous les acquéreurs potentiels aux États-Unis et au Canada de passer une nuit dans le logement de leurs rêves afin de le tester. Le principe rappelle, d’une certaine manière, celui de la location avec option d’achat pour une voiture : vous réservez quelques nuits dans une charmante villa près de Miami que vous convoitez, et si elle vous plaît, que tout va bien, vous pouvez décider de l’acheter.

Ce type de service d’essai avant un achat immobilier serait-il en train de devenir le principe de base de toute acquisition ? Gageons, en tout cas, que l’idée va plaire à de très nombreux futurs acheteurs.