Le prix des terrains constructibles s'envole, selon CLCV

L'association de consommateurs CLCV (Consommation Logement Cadre de Vie) s'en prend au prix du foncier. Dans une étude menée sur des données relevées entre 2006 et 2013, les analyses constatent que les prix des terrains constructibles ont augmenté de 60 %. Et pourtant pendant ce même laps de temps, le coût de la construction n'a gagné que 21 %. Le phénomène a clairement pris naissance au début des années 2000, pour déboucher ainsi sur des différences flagrantes entre des parcelles distantes de quelques dizaines de kilomètres. Au final le prix des maisons en lotissement coûte plus cher, bien que les constructeurs diminuent invariablement la surface de terrain.

Prix moyen du terrain constructible français : 73 €/m²

Selon les auteurs du rapport, il n'y a guère que dans les Pays de la Loire et qu'en Aquitaine que l'on peut trouver une base de données fiables sur le prix du foncier. Leurs enquêtes ont toutefois permis d'établir le prix moyen d'un terrain constructible à 73 €/m² à la fin 2013. Toutefois ce montant se situait à 46 €/m² en 2006, il s'agirait ainsi d'une augmentation de 60 % du prix de vente.

Sans surprise la région la moins chère serait l'Île-de-France, avec près de 210 €/m². Toutefois on ne peut s'empêcher d'y noter une brusque baisse des prix de 200 €/m² à environ 160 €/m², entre 2009 et 2010. On constate également que la moyenne était à environ 120 €/m² en 2008, et qu'après 2 ans de descente suivie de 2 ans de stabilisation, les prix ont retrouvé à peu près le même niveau en 2013.

Si l'on se penche sur les données procurées par les notaires, on apprend qu'un terrain constructible se vend en médiane à 50 000 € dans la zone de Libourne (33), chiffre relevé à la fin mai 2015. Mais le rapport de la CLCV sur le prix du foncier nous livre une information de taille. Les analystes ont relevé que le prix d'un terrain coûtait en moyenne 33 000 € dans l'agglomération, pour représenter 31 % du coût de la construction d'une maison.

Et pourtant quelques km plus loin dans les communes sud de l'agglomération, le foncier se vend à 54 000 € en moyenne, pour ainsi peser 47 % dans le coût d'une construction.

Grosse inflation des terrains constructibles en Aquitaine

C'est sur la côte basque que les terrains à bâtir sont les plus chers, avec notamment 261 €/m² sur la communauté d'agglomération basque Adour en 2013. À cette époque le budget moyen des acheteurs était de 162 047 €, ce qui correspondait à un terrain de 620 m².

Pour que les prix baissent il faut bien entendu se rendre à l'intérieur des terres, généralement là où la densité est inférieure à 150 habitants/km². On n'y trouve des surfaces à vendre entre 20 €/m² et 50 €/m², et l'on apprécie le calme à la campagne. Sans se douter que c'est précisément dans ces zones rurales que les prix ont le plus augmenté en l'espace de 7 ans.

Dans la communauté de communes Dronne et Belle on pouvait acheter un terrain à bâtir pour 11 €/m² en 2013. « C'est peu » direz-vous, oui mais c'était encore moins cher en 2006, lorsqu'il se vendait 6 €/m². Ainsi dans ce laps de temps les prix ont augmenté de 93,31 %.

Que dire alors de la communauté de communes du Pays Foyen, qui a vu son foncier bondir de 164,66 % entre 2006 et 2013. Aujourd'hui il reste abordable à 23 €/m², mais s'échangeait à 9 €/m² il y a 7 ans.

Mais lorsqu'ils trouvent du foncier pour pas cher, les ménages en profitent. Ainsi dans la communauté d'agglomération du Grand Villeneuvois, ils profitent des 22 €/m² pour acheter en moyenne des parcelles de 1673 m². Une grande différence avec ceux qui achètent dans le bassin d'Arcachon pour 176 €/m². Avec un panier moyen de 131 230 €, ils se contentent tout de même de 745 m².

Une inflation entamée dans les années 2000

Le rapport de la CLCV cite les travaux de l'économiste Jacques Friggit, qui consiste à relever les prix sur une cinquantaine d'années.

On constate ainsi que le coût du foncier est resté relativement stable de 1965 à l'approche des années 2000. Puis les prix se sont subitement envolés pendant 7 ans, pour observer un état de quasi stabilité jusqu'à présent. Et c'est justement ce que l'on conclut en consultant les relevés du commissariat général au développement durable.

En 1999, le lot de maisons individuelles se vendait en moyenne 136 976 €. Puis subitement en l'an 2000 le prix de vente moyen grimpe à 155 100 €, soit une inflation inédite de 13 % en seulement 1 an. Mais la tendance n'allait pas s'arrêter là, dès 2001 un lot se vendait à 161 667 €. En 2006 la barre était désormais placée à 243 203 €, d'ores et déjà 2 fois plus cher qu'en 1995. Les prix avaient tout simplement doublé en l'espace de 10 ans !

Conséquence de l'inflation du foncier sur le prix des maisons neuves

Au 2e trimestre 2005 les lotisseurs avaient mis 861 maisons individuelles en vente. 10 ans plus tard ce chiffre descend à 285 unités. Et on les comprend, car à cette époque ils avaient vendu 782 logements, alors qu'au 2e trimestre 2015 ils n'en n'ont vendu que 325.

Obligés de réduire leur offre, ils doivent également s'adapter. Les statistiques du ministère du logement montrent qu'il n'y a plus guère que les 4 pièces qui intéressent les ménages, budget oblige. Car dans la pratique les lotisseurs sont obligés de réduire la surface afin de rester dans le budget des acheteurs potentiels.

Et pour l'instant c'est plutôt réussi, car les ventes de maisons individuelles de type T4 ont augmenté de 10,5 % au 2e trimestre 2015, par rapport au 2e trimestre 2014. Mais dans un même temps l'offre diminue de 20,5 %, levant des interrogations sur des risques de raréfaction de l'offre. Pour l'instant le prix des maisons neuves T4 s'est établi à 239 000 € d'avril à juin dernier, en diminution de 0,4 % par rapport à la même période l'année précédente.

Toutefois l'expérience a prouvé que les dispositifs d'aide de l'État avaient tendance à créer un effet inflationniste. Or en ce moment le marché de l'immobilier neuf à pour lui de mesures emblématiques. La première est le PTZ+, pouvant financer jusqu'à 25 % du coût de la construction sans intérêt, dans un certain plafond. Le second est la loi de défiscalisation Pinel, qui permet aux investisseurs une remise d'impôt de 2 % par an, contre mise en location à loyer plafonné.

Étant donné qu'il n'y a aujourd'hui aucune mesure concrète pour réduire le prix du foncier destiné à la construction de maisons individuelles, il est légitime de s'interroger sur l'évolution du marché. Il faut tout de même s'attendre à ce que les lotisseurs maintiennent les prix de vente tels quels, même s'ils doivent pour cela réduire un peu plus la surface habitable.