Alors, que va donner le marché immobilier ?

Puisque nous sommes arrivés à la moitié de l'année, que nous réserve l'immobilier pour les 6 prochains mois ? C'est ce à quoi le président du Crédit Foncier, M.Bruno Deletré, a voulu répondre dans un compte rendu sur le marché du logement à la mi 2015. Le lendemain la FNAIM lui emboîtait le pas, en livrant des impressions beaucoup plus mitigées. C'est dans ce contexte que le commissariat général au développement durable rend publiques ses propres chiffres du logement, concernant le 1er trimestre 2015. À la lecture de ces données, on constate que tous sont au moins d'accord sur un point : les prix de l'immobilier ancien diminuent.

Des prédictions contradictoires pour le marché du neuf

Construira, construira pas ?

Le plus optimiste sur l'immobilier neuf est encore le Crédit Foncier. Son directeur n'hésite pas à tabler sur la mise en vente de 110 000 maisons d'ici à la fin de l'année. Du côté de la FNAIM on est à peu près d'accord sur ces chiffres, car on constate 107 700 mises en chantier cette année. Ces 2 opinions ne prennent toutefois pas en compte les ventes effectives, mais plutôt l'augmentation de l'offre. Il reste que l'immobilier neuf est plus cher que l'ancien, le budget des primo accédants, qui sont traditionnellement les clients des constructions, pose problème.

D'après les chiffres de l'Observatoire LPI SeLoger, le prix signé d'une maison neuve repartirait à la hausse sur 3 mois, à 2231 €/m². La différence de prix entre un appartement neuf et ancien peut même atteindre 20 % dans certaines zones périurbaines. Lorsque l'on se rapproche des centres-villes de métropole, l'écart rétrécit mais reste bel et bien une source de réflexion pour l'acheteur.

Le directeur du Crédit Foncier ne serait pas surpris de voir la construction de 380 000 logements, d'ici à la fin de l'année. Le sentiment de la FNAIM traduit plutôt un certain pessimisme, en pointant du doigt la baisse des mises en chantier.

Il faut dire que les chiffres du commissariat général au développement durable ne sont guère encourageants. À la fin du 1er trimestre 2015, l'encours proposé à la vente a baissé de -4,3 %, par rapport au catalogue du 1er trimestre 2014. De janvier à mars les promoteurs ont effectué 20 873 mise en vente, ce qui est -5,9 % moins bien qu'à la même époque l'année dernière.

Il restent toutefois quelques résultats encourageants. Dans son rapport sur l'immobilier neuf au 1er trimestre 2015, le ministère du logement met en avant une baisse du délai d'écoulement. Il ne faut désormais plus que 4,1 mois contre 4,7 mois auparavant pour vendre un appartement neuf. Et désormais 4,8 mois sont nécessaires pour écouler une maison neuve, contre 5,7 mois auparavant.

Mais le rayon de soleil vient surtout du côté des ventes, qui ont bondi de +14,4 % en 1 an. Tous, vendeurs, promoteurs et banquiers, sont d'accord pour encenser le retour des investisseurs, attirés par la loi Pinel.

L'investissement locatif soutient l'immobilier neuf

Le remplacement de la loi Pinel, officialisé en décembre avec le vote du budget 2015, a donné le coup d'envoi au retour des investisseurs sur le marché de l'immobilier neuf. Exit la loi Duflot qui aura eu le mérite de durer plus longtemps que la loi ALUR, mesure emblématique de l'ex ministre du logement, Mme Cécile Duflot, tant décriée par les professionnels.

Désormais Mme Sylvia Pinel permet aux bailleurs de louer le logement à leurs ascendants et descendants, dès lors que ces derniers réunissent les conditions de revenus, restées par ailleurs inchangées depuis le dispositif Duflot. En supplément la formule s'agrémente de 3 durées de mise en location : 6 ans, 9 ans ou 12 ans. La souplesse d'utilisation ainsi que la possibilité de penser à ses proches a fait mouche, d'après la FPI les ventes à investisseurs ont bondi de +59,3 % au premier trimestre 2015.

Mais là encore il convient de relativiser ces chiffres. Car si l'on observe effectivement un bond des ventes du 1er trimestre 2014 au 1er trimestre 2015, en revanche le 4e trimestre 2014 était plus prolifique. La vérité est que de janvier à mars 2015, les ventes à investisseurs ont baissé de -11 % par rapport à octobre–décembre 2014.

Qu'importe, tous croient en la tendance à l'instar du Crédit Foncier qui anticipe une hausse de +15 % des investissements locatifs sur 1 an.

 

D'accord sur la hausse des ventes dans l'immobilier ancien

Les transactions immobilières reprennent

Le 1er trimestre n'avait pas démarré en grande pompe pour le marché de l'immobilier. Les chiffres du commissariat général au développement durable le prouvent : de janvier à mars le nombre de transactions immobilières avait chuté de -4,8 %, par rapport à la même période en 2014. Et pourtant la baisse des prix du m² était déjà entamée, avec -1,6 % sur la même période.

Il a tout de même fallu attendre que les taux d'emprunt baissent un peu plus, et surtout se stabilisent pour réveiller les acheteurs attentistes. Dans la foulée s'en est suivie la hausse des taux chez une première banque (LCL), qui s'enflamma sur Internet jusqu'à créer la rumeur d'une hausse généralisée. Ainsi les banques ne s'en sont pas privées pour en profiter, 30 enseignes bancaires ayant finalement augmenté leurs taux à ce jour.

Il n'en fallait pas davantage pour donner le top départ de la course à l'achat immobilier. Chez Crédit Foncier on remarque qu'il ne faut désormais plus que 4 mois aux acheteurs pour trouver un logement qui leur convienne, contre 7 mois l'année dernière. On rappelle que 67 % des ménages ont trouvé un bien immobilier dès la première année de leur recherche, contre 53 % en 2014.

Mais du côté de la FNAIM on est plus circonspect, et l'on préfère parler de « signes de redémarrage ». La fédération constate que le nombre de transactions reste stable à 707 000 sur 12 mois, ce qui est certes mieux que l'année dernière, mais moins bien qu'avant la crise de 2008. À cette époque on voyait passer plus de 810 000 transactions immobilières par an, et pourtant les taux d'emprunt se situaient au-delà de 4,5 %, alors qu'ils naviguent aux alentours des 2 % aujourd'hui.

Les prix de la pierre devraient continuer de chuter

Le Crédit Foncier ne serait pas surpris de constater que les prix de l'immobilier auront baissé de 2,5 % à la fin de l'année. La FNAIM est à peu près d'accord avec le principe, mais rappelle que les prix retrouvent leur niveau de 2006. La fédération ne manque pas non plus de pointer en avant un léger retour à la hausse, enregistrant de son côté une augmentation de +0,4 % depuis le début de l'année.

Le constat est à peu près le même du côté des notaires, qui conjointement avec l'INSEE constatent une baisse d'environ -2 % des prix de la pierre ancienne.