Incertitudes grecques sur les taux immobiliers

Le rapport de l'Observatoire CSA/Crédit Logement paru hier, a jeté le doute sur le marché des prêts immobiliers. D'après la 1re société de cautionnement de France, les taux sont encore descendus le mois dernier, pour arriver à 1,99 %. Ces chiffres surprennent certainement l'accédant à la propriété, à qui l'on dit depuis quelques semaines déjà que l'on assiste au contraire à une remontée des taux. Car c'est bel et bien ce que Vousfinancer.com constate, tout comme ses concurrents. Une lecture approfondie du rapport montre qu'effectivement les taux d'emprunt remontent dans l'ancien, et que cette tendance pourrait se généraliser dans les mois qui suivent. Et désormais cette menace fantôme porte un nom : la Grèce.

Les taux immobilier ont-ils baissé ou augmenté ?

Baisse globale selon l'Observatoire CSA/Crédit Logement

La société Crédit Logement est la première caution de prêts immobiliers de France. Tous les mois, elle publie son taux nominal moyen observé, avec l'aide de l'institut de sondage CSA. Le rapport d'hier sur les résultats de juin commence par une note qui résume toute la situation : « En juin 2015, la baisse des taux qui jusqu'alors avait bénéficié à tous les marchés, devient plus sélective ».

Car si la moyenne est descendue à 1,99 % en juin contre 2,01 % en mai, il n'y a guère que le neuf et le marché des travaux qui en ont profité. Le taux nominal moyen pour l'accession dans l'ancien est remonté à 2,02 %, à 3 points de base au-dessus de son niveau précédent.

30 banques ont effectivement augmenté leur taux

Le premier frémissement est apparu au milieu du mois de mai, quand une banque avait été la première à réviser ses barèmes de taux à la hausse. Cette sortie téméraire a progressivement encouragé ses concurrentes, qui jusqu'alors se tenaient à l'affût, aucune souhaitant être la première à durcir ses conditions d'emprunt.

Mais il en coule de l'eau sous les ponts en 1 mois et demi, et aujourd'hui une trentaine de banques, tant au niveau national que régional, ont augmenté leurs taux de prêt immobilier. Les plus réservées d'entre elles se sont contentées de 0,05 point, les plus courageuses sont montées jusqu'à 0,4 point.

Ce mouvement n'a d'ailleurs pas échappé à l'Observatoire CSA/Crédit Logement, qui dans son rapport d'hier souligne que « les taux longs ont nettement augmenté depuis fin avril ».

Faire jouer la concurrence plus que jamais

Dans un groupe, il se trouve toujours un élément pour se singulariser. En l'occurrence une banque a continué de baisser ses taux d'emprunt, et ce malgré un mouvement à la hausse continue pendant le mois de juillet.

Jérôme Robin, président et fondateur de Vousfinancer.com, n'en est pas surpris : « Comme attendu le mouvement de hausses s’est poursuivi en juillet, tout en restant contenu, les remontées n’excédant rarement 0,20 point ».

Mais il est toujours possible de faire jouer la concurrence, en particulier dans un marché de plus en plus compétitif. « Aujourd’hui, la quasi-totalité des grands réseaux bancaires a augmenté ses taux de crédit immobilier. Les rares banques à ne pas l’avoir fait sont celles qui étaient moins bien positionnées. Dans ce contexte, les cartes sont rebattues et il est plus que jamais essentiel de consulter un courtier pour trouver la meilleure solution de financement », conclu Jérôme Robin.

 

Quand le spectre de la Grèce plane sur les taux immobiliers

Les banques craignent la réaction des ménages

L'Observatoire CSA/Crédit Logement note que si la hausse des taux d'emprunt ne s'est pas généralisée, c'est à cause « des développements de la crise grecque ». Le risque dans cet environnement ou beaucoup est dit, et surtout par des personnes qui en définitive ne savent pas, est un comportement attentiste.

Un défaut de paiement de la Grèce, et peut-être à terme sa sortie de l'euro, pourrait ou ne pourrait pas entraîner de cataclysme économique. C'est face à cet inconnu que les ménages pourraient retrouver leurs vieux réflexes du début de la crise : observer avant d'acheter. Alors pour ne pas risquer de faire fuir les candidats à l'accession immobilière, les banques auraient donc freiné la remontée de leurs taux.

Au moins 2 scénarios possible

Jérôme Robin voit plusieurs scénarios possibles. Si les négociations n'aboutissent pas, et que la Grèce est contrainte de sortir de la zone euro, cela pourrait entraîner « une tension de l'ensemble des taux en Europe ». Ou alors justement les pays considérés comme sûrs par les investisseurs, comme la France et l'Allemagne, pourraient voir leurs taux d'emprunt baisser, sous l'effet de la retombée du rendement de leurs obligations d'État.

Quoi qu'il en soit les choses pourraient bouger en septembre, même si « dans cette situation inédite et dans l'attente des suites du référendum, il est aujourd'hui très compliqué de faire la moindre prévision ».

Et les OAT 10 ans dans tout ça ?

Car pour l'instant ces fameux OAT 10 ans, sur lesquels les analystes des enseignes bancaires se basent pour déterminer leurs taux, partent en live. Alors que le 7 avril 2015 le rendement plafonné à 0,472 %, la courbe s'est subitement infléchie, les investisseurs institutionnels refusant désormais de placer l'argent de leurs assurés pour si peu de rémunération. Les mécanismes de l'offre et la demande ont donc fait remonter les taux de rendement, et 3 mois plus tard le 2 juillet ils atteignaient 1,308 %.

Et pourtant les taux immobiliers n'ont pas suivi en proportion, fait inédit. Il faut dire que les banques disposent de liquidités suite à la politique monétaire de la BCE (Banque Centrale Européenne), et qu'aujourd'hui leur stratégie est précisément de prêter pour la résidence principale.

 

Le prochain TEG de la Banque de France en dira long

Le taux d'usure de la Banque de France pour le 3e trimestre 2015 est paru. Il s'agit du taux maximal auquel il est possible de prêter en France, que l'on soit professionnel ou particulier. Le calcul part du TEG (taux nominal plus frais) moyen constaté au cours des 3 derniers mois, augmenté de 30 %.

Les constats de la Banque de France font apparaître un TEG immobilier fixe de 3,10 % au 2e trimestre 2015, contre 3,37 au 1er trimestre. Il s'agit donc effectivement d'une baisse de 27 points de base, mais il faudra attendre la première semaine d'octobre pour connaître le TEG moyen du 3e trimestre. C'est seulement à ce moment que l'on pourra officiellement constater la hausse ou la baisse des taux immobiliers.