Les Français ont moins emprunté en 2013

L'observatoire des crédits aux ménages de la Fédération Bancaire Française, fait état d'une nette diminution de la consommation des crédits en 2013. Les ménages empruntent moins pour consommer, préférant consacrer leur capacité de remboursement à l'immobilier. S'ils doivent consommer, ce sera d'abord pour acheter un véhicule ou un bien d'équipement dans leur maison. Près de 11 % d'entre eux pensent que leur situation financière s'est nettement dégradée, et pour 36,5 % de ménages le poids des remboursements est élevé. Bonne nouvelle cependant, ils sont plus que l'année dernière à avoir l'intention de souscrire un prêt immobilier ou consommation en  2014. Il pourrait cependant y avoir de la distance entre leur bonne volonté et un passage à l'acte.

47,6 % des ménages détiennent des crédits en 2013

Le plus bas niveau depuis 1989

L'observatoire du crédit aux ménages a été créé en 1989, par la Fédération Française des Banques. Le dernier rapport présenté par M. Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université Paris Ouest, indique que 52,8 % des ménages français détenaient des crédits en 1989. En 2012, ils n'étaient plus que 48,6 % et 47,6 % en 2013. L'année 2013 a donc atteint le plus bas niveau de détention de crédit, depuis 24 ans.

Un pic atteint en 2001

En 2001, 52,9 % des ménages français détenait des prêts immobiliers et/ou consommation. En 2008, ils étaient 52,6 %, puis 50,8 % en 2009, et la chute n'a freiné qu'entre 2010 et 2011. Cependant ce chiffre ne concerne que les prêts à la consommation, la détention de crédit immobilier est restée stable.

Les ménages se renferment sur l'immobilier

Toujours selon l'étude, en 2001 17,5 % des ménages français détenait un prêt immobilier. Ce chiffre a baissé jusqu'en 2003, pour progressivement et constamment remonter jusqu'en 2012, où il s'est stabilisé à 21 %. En 2013, la performance était la même, 21 % des ménages possédaient un prêt immobilier. Selon M. Michel Mouillart, la faiblesse des taux d'emprunt a permis au marché de tenir. Les accédant la propriété en ont profité pour acheter plus cher, donnant la priorité à la création de patrimoine en ces temps de crise.

Moins de prêts à la consommation depuis 2008

Le diagramme de l'observatoire des crédits aux ménages montre que 21,3 % des ménages détenait au moins un prêt à la consommation en 2008. L'effet de la crise est clair, car ce chiffre n'a cessé de se dégrader, pour atteindre 16,6 % en 2013, contre 17,2 % en 2012. Les ménages français consomment moins car ils n'ont pas confiance en l'avenir économique.

Les dépenses utiles avant tout

En 2009, 18,2 % des ménages avaient souscrit un prêt auto, ils n'étaient plus que 14,9 % en 2012, et 14,6 % 2013. Des chiffres qui expliquent sans aucun doute la mauvaise santé du marché automobile. En 2012, 6,8 % des ménages avaient souscrit un prêt à la consommation pour des biens d'équipement. Ils ne sont plus que 6,5 % en 2013. Viennent ensuite les emprunts destinés à des travaux d'amélioration dans le logement, qui concernent 3,8 % des ménages français, autant en 2012 qu'en 2013.

Les chiffres ne changent pas non-plus pour les dépenses de consommation courante. Ils sont d'ailleurs en augmentation depuis 2010. Cette année-là, près de 2,8 % des ménages avaient emprunté pour des biens de consommation courante. Ils étaient 3,1 % en 2012 et 2013.

Moins de crédit renouvelables sur carte

La loi Lagarde a porté un coup à la souscription des crédits renouvelables, au grand dam de nombreux acteurs financiers du marché et au plaisir des associations de consommateurs. Rappelons que les cartes « de fidélité » souscrites auprès de grandes surfaces sont en fait des crédits renouvelables chers. Ils sont bien souvent à l'origine des situations d'endettement, rendant nécessaire la restructuration de dettes. L'information développée autour de la loi Lagarde a fait reculer la souscription de ces cartes de crédit revolving, à 5,4 %. Les consommateurs sont plus prudents, 5,9 % d'entre eux uniquement contractent leur prêt à la consommation sur le lieu de vente. Difficile pourtant d'analyser l'impact de la loi Lagarde sur ce comportement, car cette baisse peut également être imputée aux difficultés économiques globales.

Le moral économique des Français est en berne

Moins de Français estiment que leur situation s'est stabilisée

Le moral financier des ménages français était au plus bas en 2008. 39,4 % d'entre eux pensaient que leur situation financière s'était stabilisée, par rapport à 2007. Puis l'optimisme est revenu en 2009 (45,3 %) et en 2010 (48,1 % ). En 2012, 43,5 % des ménages français pensaient que leur situation financière s'était stabilisée. En 2013, ils étaient 41,1 %.

Un sentiment prenant naissance en 2001

Le diagramme de l'observatoire des crédits aux ménages, montre que la sensation d'amélioration de la situation financière a été diminuée par 2 en 12 ans. En 2001, 20 % des ménages considérait que leur situation s'était améliorée par rapport à l'année dernière. En 2013, ils ne sont plus que 9,2 %. L'inverse est exact, en 2001 4 % des ménages considérait que leur situation financière s'était nettement dégradée. En 2013, ils sont 10,9 %, soit le plus haut niveau depuis ces 12 dernières années.

Des mensualités trop élevées

Le diagramme montrant le sentiment des ménages français face aux mensualités de leur crédit, résume toute l'étude. Moins d'entre eux considèrent que leurs mensualités sont supportables ou très supportables, et ne représentent plus que 48 % des emprunteurs, contre 49 % en 2012 et 49,5 % 2010. Ils sont 0,7 % de plus qu'en 2012 à considérer que leurs mensualités sont trop élevées. Lueur d'espoir tout de même, ils sont 0,3 % de moins qu'en 2012 à considérer que leurs mensualités sont beaucoup trop élevées.

La remontée prévue pour 2014 ?

De bonnes intentions des ménages

L'étude de l'observatoire des crédits aux ménages montre que plus de Français ont l'intention d'emprunter en 2014. En 2012, 4,1 % d'entre eux avaient l'intention d'emprunter en 2013. L'année dernière, ils étaient 4,5 % à vouloir devenir propriétaire en 2014. Même tendance pour les crédits à la consommation, 0,4 % de ménages supplémentaires ont pour projet d'emprunter en 2014.

Les crédits, vecteur de l'économie

Monsieur Michel Mouillart précise dans son rapport que « le recours au crédit reste pourtant un élément décisif de réalisation des projets immobiliers ou de consommation ». Si les ménages ne peuvent pas emprunter, ils ne peuvent pas consommer. Monsieur Mouillart précise que malgré les bonnes intentions des ménages, une stabilisation semble plus probable pour 2014. Il n'exclut pas néanmoins une remontée de la consommation des crédits, en rappelant que les ménages « semblent avoir modifié leurs pratiques de recours au crédit à la consommation ».

Obtenir un prêt immobilier en 2014

Selon toute logique, le marché de l'immobilier devrait retrouver un élan en 2014. En cause : la faiblesse des taux et la diminution des prix du mètre carré dans l'ancien. On commence également à observer une baisse des prix dans le neuf. Mais entre la logique et la réalité, il y a une distance, allongée ou raccourcie par le moral des ménages. Ce qui est clair, c'est que les personnes disposant à la fois du moral et de la capacité d'emprunt, pourront acheter de l'immobilier moins cher, avec des taux intéressants.