Logement et Emmanuel Macron : quelles propositions ?

Emmanuel Macron a dévoilé sa vision du logement lors du 2ème OrpiLab organisé par Bernard Cadeau. Ses propositions s'articulent autour de trois grands axes prioritaires : développer l'offre de logements, favoriser la mobilité résidentielle et lutter contre la précarité énergétique.

 

L'ex-ministre de l'Economie a dévoilé ses propositions pour le logement lors du 2ème OrpiLab organisé par Bernard Cadeau, président du réseau d’agences immobilières Orpi. C’est l’occasion pour les candidats à l’élection présidentielle de présenter leur vision de la politique du logement et la place qu’ils lui accorderont. Les propositions d’Emmanuel Macron s'articulent autour de trois grands axes : développer l'offre de logement, favoriser la mobilité résidentielle et lutter contre la précarité énergétique.

Emmanuel Macron avait très peu abordé le sujet du logement auparavant. Dans son ouvrage paru le 24 novembre dernier et intitulé « Révolution », le fondateur du mouvement « En marche ! » dit seulement vouloir tailler dans les quelque 18 milliards d'aides distribuées tous les ans en échange d'un effort de constructions sans précédent dans les zones tendues grâce notamment à un assouplissement des normes.

Le logement une question prioritaire pour Macron ?

Depuis des décennies, le logement a rarement été une priorité pour les gouvernements qui se sont succédés. Dans son ouvrage intitulé « Révolution », Macron développe davantage sa vision de la protection sociale, du chômage ou encore des retraites, à se demander si le logement n’est pas pour lui aussi une question secondaire ? Invité donc par Bernard Cadeau, président du réseau Orpi, il a réussi à prouver le contraire. Il faut dire que dans le contexte, il n’avait pas d’autre choix que de se pencher, enfin, sur le sujet.  Même si pour le moment les mesures qu’il souhaite  mettre en place restent encore floues, il a débuté et conclu son intervention par ces mots :

"Le logement c'est ce qui fait que l'on est bien dans sa vie. Le logement est un sujet qui n'a rien de mineur, il est au cœur de nos objectifs".

Faire un effort de construction sans précédent

« Depuis 1969 avec déjà Georges Pompidou, tous les gouvernements se fixent toujours le même objectif : la construction de 500 000 logements par an dans toute la France. Or il n'y a pas besoin de construire partout, mais uniquement en zones tendues ».

Emmanuel Macron préconise donc de construire en Ile-de-France : 70 000 logements par an au lieu de 40 000 aujourd'hui, ensuite dans la région Paca (du côté d'Aix-Marseille) : 45 000 nouveaux biens chaque année au lieu de 30 000 actuellement et enfin dans l'agglomération toulousaine. Mais "Construire à Aurillac ou à Châteauroux n'a pas de sens", a-t-il ironisé.

Il veut mettre un coup d'arrêt à l'instabilité normative. Plus on empile les normes, moins on rend facile la construction de logements", a-t-il déploré.

Réguler AirBnB, ce « farwest complet »

Le président du mouvement "En marche" propose la mise en place d'un bail mobilité de moins d'un an, qui permettrait aux personnes salariées en CDD et aux intérimaires d'accéder au marché locatif. Cela permettrait par ailleurs de mieux réguler le marché de la location, sous-entendu de limiter le nombre d'appartements mis en location de courte durée sur Airbnb, car « Airbnb est un farwest complet », a-t-il fermement dénoncé.

Ni à droite, ni à gauche ?

Entre une gauche aujourd’hui impuissante et les promesses d’une droite dure, Emmanuel Macron avance des idées social-libérales, plutôt enthousiasmantes même si elles restent encore floues. Il souhaite incarner un renouvellement de la classe politique. Il souligne l’échec des politiques menées depuis 30 ans. De droite comme de gauche,  « ils ont tous eu tort », selon lui. L’ancien banquier aurait tendance à se démarquer des deux partis et à se placer au-dessus des clivages droite-gauche. Toutefois, l’ancien ministre socialiste sous François Hollande ne compte pas par exemple supprimer l’encadrement des loyers, un dispositif profondément de gauche, favorisant les locataires et pénalisant à l’inverse les propriétaires-bailleurs et investisseurs.

"Non je ne vais pas supprimer le dispositif d’encadrement des loyers, il faut d’abord l’évaluer avant de le débrancher", a-t-il assumé.

Pour rappel, Nicolas Sarkozy, candidat de droite à l’élection présidentielle éliminé le 20 novembre dernier comptait bien abroger le dispositif d’encadrement des loyers. Tout comme François Fillon, candidat de droite en lice avec Emmanuel Macron.

Exonération de taxation sur la plus-value au bout de 22 ans seulement !

Pas de changement en vue non plus en ce qui concerne l'exonération de taxation sur la plus-value au terme de 22 ans. Macron ne compte pas réduire ce délai à 15 ans comme le propose Fillon. "Je ne suis pas pour la bouger, je suis pour la stabilité. "Il faut annoncer la couleur et s'y tenir ensuite", martèle-t-il. Une façon de dénoncer le fait que François Fillon, sous Sarkozy avait passé l’exonération de taxe sur la plus-value de 15 ans à 22 ans. Puis propose aujourd’hui tout naturellement de la ramener à 15 ans ! « Il y a eu trop de politique de yo-yo ces dernières années, je veux instaurer une stabilité fiscale », insiste-t-il.

Financer les CDD et intérimaires

Les salariés en CDD et les intérimaires doivent pouvoir accéder à un financement bancaire. Il y a  un travail à faire du côté des banques pour mieux solvabiliser les Français. L'Etat doit effectuer un travail de garanties avec les banques pour faciliter l'accession à la propriété, a-t-il laissé entendre.

Baisser les frais de notaires

Pour lutter contre la précarité énergétique, il propose de baisser les droits de mutations des propriétaires-bailleurs qui s'engagent à rénover énergétiquement leur bien, « ce qui permet d'être socialement juste ». "La rénovation énergétique ne doit pas être réservée à quelques uns, 600 000 familles souffrent aujourd'hui du froid en hiver et vivent dans des passoires énergétiques.

Une véritable révolution ?

Emmanuel Macron a donné l'impression d'avoir compris les problématiques majeures du secteur clé du logement et d'être conscient qu'il y avait plusieurs évolutions  sociétales à prendre en compte : d'une part le nombre de divorces en augmentation constante et la garde partagée des enfants qui révolutionnent le logement. C’est la raison pour laquelle construire plus où les besoins sont réels est capital. Et d'autre part le nombre important de salariés en CDD (ils représentent + de 80% des embauches à l'heure actuelle, Ndlr) aujourd'hui privés de financement. Il est évident que si le futur gouvernement mettait en place avec les banques une garantie d’Etat pour les financer, l’accession à la propriété de toute cette frange de la population aujourd’hui laissée pour compte, fluidifierait considérablement le marché de la pierre. Une véritable révolution.

 

Alexandra Boquillon