Et le marché immobilier crie à la hausse des prix

Les ménages ayant un projet immobilier ne doivent plus savoir sur quel pied danser en ce moment. Il y a quelques semaines on parlait d'une baisse des prix du m², certains ténors allant même jusqu'à voir la tendance continuer jusqu'en 2017. Et voilà que l'été nous réserve une surprise, sous la forme d'une légère hausse des prix de l'immobilier. Le réseau Meilleurs Agents est formel : le m² repart à la hausse dans 3 grandes villes de France depuis le début de l'année. Toutefois il est orienté à la baisse un peu partout ailleurs, il reste à savoir ce qui se passera au cours des prochaines semaines, voyons cela.

Quand les taux d'emprunt conditionnent les prix de l'immobilier

Nous sommes au début septembre, soit 2 mois après la remontée des taux immobiliers constatée par l'observatoire CSA/Crédit Logement. À la vérité, Vousfinancer.com annonçait déjà qu'une bonne trentaine de banques avait relevé les leurs déjà au mois de juin. De mars à mai les meilleurs profils d'emprunteurs pouvaient encore obtenir un prêt immobilier en dessous de 2 % sur 20 ans. Les moins bons profils n'étaient pas en reste, et pour couronner le tout les banques demandaient moins d'accord personnel.

C'est donc à cette époque que la ruée sur le marché immobilier se fit sentir. Les avant-contrat signés au printemps se concluent sous la forme d'un acte définitif en ce moment. Ce que l'on voit aujourd'hui pourrait donc bien être la conséquence des taux attractifs observés de mars à juin, et surtout du bruit qui courait alors sur une probable et imminente remontée des taux.

Dès lors que les banques rendent l'accès au financement facile, les acheteurs reviennent et la concurrence se tourne alors en faveur des vendeurs.

Et effectivement, certains prix de l'immobilier remontent

Dans l'immobilier neuf : à cause de la baisse de l'offre

Tout ce qui est rare est cher, les acheteurs d'immobiliers neufs sont en train de l'apprendre. Au 2e trimestre le ministère du logement a constaté une hausse de +1,1 % des prix, particulièrement sur les appartements de petites surfaces. Les studios gagnent jusqu'à +5,9 % au 2e trimestre 2015, par rapport au 2e trimestre 2012. Les T2 et T3 prennent respectivement +1,7 % et +1,6 %. Seuls les T4 sont perdants, à -1,6 %.

Même constat pour les maisons neuves, les moins de 4 pièces augmentent de +4,5 %, tandis que toutes les autres se vendent moins chères. Pourquoi ? Parce que l'offre est en baisse de -1,4 %, selon les chiffres des promoteurs. Et pourtant la demande venant des investisseurs intéressés par la loi Pinel est bien réelle, et se renforce mois après mois.

Inévitablement, lorsque la demande augmente en même temps que baisse l'offre, les prix montent.

Dans l'immobilier ancien : là est la question…

Généralement les mois d'été ne sont pas propices à l'achat immobilier. Les ménages préfèrent conclure leur affaire au printemps, afin d'emménager en été et pendant les vacances scolaires.

Et pourtant l'étude mensuelle de l'observatoire CSA/Crédit Logement pour août est formel : « le rythme d'évolution de la production a ralenti ». Traduisez par « le nombre de prêts immobiliers accordés a continué de grandir en août, mais à un rythme moins important que les mois précédents ». En clair il n'y a apparemment pas eu de recul des transactions le mois dernier, comme il est de coutume à cette période de l'année.

Par ailleurs le PDG de Century 21, M. Laurent Vimont, fait état d'une hausse de +15,5 % d'activité dans ses agences. Chez ORPI et Guy hoquet on affiche également le sourire, avec des résultats respectivement en hausse de +4,5 % et +9,4 %. Même Meilleurs Agents participent à l'optimisme ambiant, en constatant « un nouveau cycle haussier ». Toutefois le réseau auteur de l'indicateur de tension immobilière tempère, en rappelant que si ce cycle a lieu, il prendra jusqu'à 18 mois pour concerner la France entière.

Il semble que pour l'instant la forte poussée de la demande fasse montert les prix, mais il serait très hasardeux d'affirmer que ce phénomène durera.

Car entre-temps beaucoup de choses peuvent se passer : la remontée des taux directeurs de la banque centrale des États-Unis pourrait par exemple bien changer la donne. Ou tout simplement la remontée des taux d'emprunts immobiliers proposés par les banques françaises, associée à l'effet inflationniste du marché, pourrait tout simplement faire rentrer les acheteurs dans leurs starting-blocks.

D'ailleurs on se rappelle que de nombreux ténors dont S&P avaient annoncé que la baisse des prix de l'immobilier durerait encore au moins jusqu'en 2017.

Pendant ce temps en Chine, les prix de l'immobilier repartent

Quand les villes fantômes prennent de la valeur

En Chine aussi les prix des logements neufs sont orientés à la hausse, et pourtant la situation économique n'est pas rieuse en apparence. Mais il semble que le marché soit en bonne phase de convalescence, le tout dans un contexte où les promoteurs chinois s'en sont donnés à cœur joie, poussés par une croissance que l'on croyait sans fin.

Dans un article paru le mois dernier, le quotidien lefigaro.fr raconte l'histoire de cette ville nouvelle nommée Jing Jin, construite pour accueillir 500 000 habitants. Mais aujourd'hui seuls 10 % des logements se sont vendus, et encore les promoteurs peuvent s'estimer heureux. Dans d'autres de ces villes aussi nouvelles que fantômes comme à Ordos en Mongolie intérieure, les passants (quand il y en a) marchent au pied de gratte-ciel désespérément vides de tout occupant.

Quand le gouvernement chinois intervient sur les prix de l'immobilier

Les économistes chinois ne connaissent que trop bien les risques d'une bulle immobilière. Ils ne veulent pas que l'exemple de l'Espagne se reproduise, et ont suffisamment critiqué la crise des subprime aux États-Unis pour pouvoir se permettre d'y tremper le moindre orteil.

Alors pour désengorger le marché, le gouvernement chinois commence par abaisser de 70 % à 40 % l'apport personnel minimum pour acheter une résidence secondaire. Puis des mesures de dévaluation sont prises afin de relancer l'économie, et le gouvernement annonce même que cet apport minimum va encore être descendu à 20 %.

Et ça marche, car malgré l'énorme stock d'invendus, les prix de l'immobilier neuf s'établissent désormais à 1505 €/m² de moyenne, en hausse de +0,95 % de août à juillet. Le prix du m² neuf termine ainsi en progression de +0,15 % par rapport à août 2014.

Aux grands maux les grands remèdes, la médecine chinoise traditionnelle serait-elle en train de prouver son efficacité ?