Chasseur d’appartement, le super-héros de l’immobilier ?

Encore peu répandu, le métier de chasseur immobilier fait pourtant régulièrement parler de lui. Autant pour ses succès sur le marché que pour sa présence sur le petit écran, car depuis plusieurs années, le costume du chasseur, endossé par l’animateur Stéphane Plaza pour venir en aide à des acheteurs exigeants, a contribué à populariser la profession. Or, qu’en est-il dans la réalité ? Peut-on vraiment gagner du temps – et de l’argent – en confiant son projet immobilier à ce professionnel ? Le chasseur immobilier est-il vraiment une sorte de super-héros de la pierre ?

Un chasseur immobilier sachant chasser

Certes, le chasseur immobilier est à la mode, et il faut savoir se défier des modes. Mais il existe des tendances qui s’imposent pour de bonnes raisons, et qui s’appuient sur des succès réels.

Encore inconnu quelques années en arrière, venu tout droit des Etats-Unis, le métier de chasseur immobilier est en train de se rendre tout à fait indispensable, profitant des difficultés d’un marché dans lequel trouver le bien de ses rêves est de plus en plus considéré comme mission impossible, surtout au cœur des grands centres urbains. Tous ceux qui ont déjà eu l’occasion de chercher un appartement de standing à Paris ou une maison de banlieue parisienne à un prix raisonnable ont pu s’en rendre compte.

Un professionnel dédié à l’acheteur

Or, dans ce contexte où acquérir le logement de ses rêves tient du miracle, le chasseur immobilier tire sa popularité du côté novateur de son activité : il se met au service de l’acheteur, exclusivement. Il n’a pas de mandat avec une agence immobilière ou un promoteur quelconque, forcé de vendre tel ou tel logement pour obtenir sa prime. L’acquéreur lui confie un cahier des charges, et la mission de sélectionner pour lui les différents types de biens qui pourraient lui convenir.

Les prérogatives du chasseur immobilier

A partir de là, les prérogatives du chasseur s’établissent comme suit :

  • Avec sa liste de « pour » et de « contre » en main (les contraintes émises par le client, ce qu’il veut ne veut pas), le chasseur immobilier part en quête d’une sélection de biens.
  • Il fait jouer son réseau personnel : professionnels indépendants, agences, particuliers, promoteurs, et jusqu’aux gardiens d’immeubles qu’il sollicite (exactement comme un policier le fait d’un informateur) pour obtenir des informations sur les futurs logements en vente.
  • Il puise également dans son expérience, car le chasseur immobilier est un expert en son domaine et en sa zone géographique, qu’il explore de long en large depuis des années (mieux vaut donc choisir un professionnel bien installé dans sa région).
  • Une fois les biens choisis, il organise les visites à la convenance de son client. Celui-ci ne perd ainsi pas de temps à regarder des appartements ou des maisons qui ne l’intéressent pas. Si un bien nécessite des aménagements (gros travaux ou décoration d’intérieur), le chasseur immobilier met à la disposition de l’acquéreur son carnet d’adresses comprenant entreprises, artisans et décorateurs parmi les meilleurs du marché.
  • Enfin, le chasseur négocie les prix avec le vendeur, et peut obtenir de jolies ristournes. Sa mission ne prend réellement fin qu’une fois son client en possession des clés.

L’accompagnement sur-mesure : la grosse plus-value

Pour l’acquéreur, les avantages de faire appel à un chasseur immobilier sont nombreux. Techniquement, il n’a qu’une seule mission : négocier son taux d’emprunt immobilier. Tout le reste est à la charge du chasseur qui, avec un budget en tête, se met en quête de la perle rare. Pour le reste, un chasseur, c’est :

  • Un gain de temps : pas besoin de chercher soi-même ;
  • L’assurance de voir des biens qui correspondent vraiment à ses attentes (terminées, les visites de maisons aux défauts structurels énormes que l’agent immobilier n’a pas pris soin d’évoquer plus tôt) ;
  • Un gain financier, au final, si l’on prend en compte le rapport temps gagné/argent non dépensé.

Ceci étant dit, il existe un autre avantage majeur : suivant le principe du sur-mesure, la prestation du chasseur immobilier ne s’arrête pas à la seule recherche de biens. Elle peut aller jusqu’à la prise en charge des travaux d’aménagement nécessaires pour rendre le logement conforme aux désirs de l’acquéreur : cloison à abattre, 2e salle de bain à créer à l’étage, décoration particulière, etc.

Un acteur novateur qui débroussaille le marché

Dans le débat qui oppose les particuliers acheteurs aux agences immobilières (lire cet article précédent sur le blog), le chasseur immobilier pourrait bien jouer le rôle d’intermédiaire idéal. Lui remettre un projet en mains, c’est bénéficier du travail d’un professionnel qui n’a qu’une seule et unique raison de vendre un bien plutôt qu’un autre : satisfaire son client.

Les agents immobiliers n’ont donc qu’à bien se tenir : ils sont ici face à un rival de poids. La profession de chasseur immobilier est, elle aussi, régie par la loi Hoguet, c’est-à-dire qu’elle doit répondre à certaines obligations comme celle de détenir une carte professionnelle. Mais la comparaison s’arrête là, car le chasseur est un agent puissance mille, un prestataire de services entièrement dédié à l’acquéreur, et qui s’appuie pour ce faire sur un réseau à la fois physique et numérique.

La particularité des chasseurs immobiliers réside en effet dans leur utilisation des nouveaux outils dédiés à la prospection, et notamment les outils digitaux. Ils prennent en compte tous les canaux de diffusion possibles pour assurer le bonheur de leurs clients, proposant de fait une offre globalisée, aux potentialités énormes. Plates-formes d’annonces immobilières (professionnelles et particulières), réseaux fermés d’intermédiaires de l’immobilier, logiciels qui scannent le web 24h/24 afin de visualiser la totalité des biens qui sont mis en ligne… Tous les moyens sont bons. (Pour en savoir plus, vous pouvez jeter un œil à cet article sur Mediapart.)

De cette manière, le chasseur immobilier contribue à débroussailler un marché autrefois trop engoncé dans son propre confort. Reste à savoir si cet angle d’attaque sera sollicité par les clients.

La preuve par le taux de réussite

Comment mieux juger les vertus d’une profession que par ses résultats ? Si le métier est encore peu répandu en France – ils sont environ 200 chasseurs immobiliers en activité –, et s’il concerne essentiellement les grandes villes (Paris, Marseille, Lyon, Nice), qui sont autant de zones urbaines denses dans lesquelles trouver le logement de ses rêves en revient à mettre la main sur l’aiguille cachée dans la botte de foin, on note tout de même que les profils des clients se sont diversifiés.

A priori plutôt sollicité par des portefeuilles bien remplis, des cadres débordés, des expatriés prévoyant de revenir en France et des Parisiens en quête d’une belle maison avec vue sur mer, le chasseur immobilier endosse désormais des missions plus variées. Et pas nécessairement pour des acquéreurs richissimes. Les clients, même appartenant à la classe des acheteurs moyens, sont attirés par une trinité séduisante : la rapidité de la transaction, la qualité des biens présentés, et la capacité du chasseur à négocier des prix plus bas qu’ailleurs.

Les résultats suivent. Bien qu’il soit difficile d’obtenir des chiffres précis pour ce marché encore en construction, certaines agences parisiennes parlent d’un taux de réussite (c’est-à-dire la capacité à trouver le bien désiré par le client) de 87 %, d’autres évoquent plutôt 80 %. Des pourcentages qui font rêver les agences immobilières, même avec une marge d’erreur de quelques pour cent.

Autre avantage à ne pas négliger : les chasseurs immobiliers proposent de plus en plus leurs services dans le cadre de l’immobilier d’entreprise. De la même manière que pour des biens d’habitation, si votre société désire acquérir des locaux, vous n’avez qu’une seule chose à faire – vous souciez de l’emprunt professionnel –, et confier le reste à un chasseur ou une équipe de chasseurs.

Et si le marché commençait à tourner ?

Reste que, à l’instar de toute profession à succès, celle de chasseur immobilier risque bien de connaître, à l’avenir, des contrecoups. C’est d’ailleurs déjà le cas : faux chasseurs immobiliers incapables de présenter une carte professionnelle, intermédiaires douteux qui réclament le paiement d’honoraires alors que le chasseur est toujours rémunéré à la commission après achat, ladite commission qui monte au-delà des 5 % habituellement admis (soi-disant pour une prestation plus complexe), mise en place de partenariats tacites entre les agences et les chasseurs immobiliers pour que les seconds privilégient les biens des premières, aux dépens du client… Attention à ne pas tomber dans ces pièges, dont le développement est inhérent à tout marché prospère.

Notons également que malgré la libéralisation des profils, faire appel à un chasseur immobilier reste un luxe que tout un chacun ne peut pas se permettre. Rares sont ceux qui acceptent des mandats tournant autour de 200 000 €, et pour la plupart d’entre eux, la moyenne se situerait plutôt aux alentours de 300 000 €. C’est un budget qui n’est pas accessible à tous les portefeuilles.