Chine, Espagne, États-Unis : les mouvements de l'immobilier

Si en France on apprécie la correction des prix de l'immobilier, en Chine on ne sait plus sur quel pied danser. Les mesures prises pour empêcher la bulle de gonfler ont tellement réussi que le m² continue sa chute. Pendant ce temps aux États-Unis les prix repartent à la hausse, et si le stock d'appartements neufs de luxe augmente, les ultra riches reviennent vers l'immobilier. Les investisseurs font de même dans la capitale espagnole, Madrid se préparant à accueillir de nouveaux buildings dernier cri.

Chine : les prix de l'immobilier continuent de baisser

La pierre chinoise perd 4,46 % en 1 an

Quand on prend des demi-mesures on obtient des demi-résultats, mais quand on n'y va pas avec le dos de la cuillère on risque de tout renverser. C'est ce qui s'est passé pour l'immobilier chinois, dont les prix moyens ont joué aux montagnes russes au cours des 12 derniers mois.

À une époque où l'on construisait frénétiquement dans l'empire du milieu, les prix de l'immobilier ont commencé à grimper de manière inquiétante. Alors pour dégonfler cette bulle qui menaçait, les autorités ont décidé d'imposer un apport personnel entre 60 % et 70 %, pour tout ménage chinois qui désirait réaliser un second investissement immobilier.

La stratégie fonctionna tant et si bien que les dépenses baissèrent, les prix commencèrent à chuter et les promoteurs chinois se retrouvèrent au bord de la faillite. Il fallait à présent endiguer cette hémorragie, et pour ce faire le législateur permit aux ménages de n'apporter que 40 % pour investir dans l'immobilier.

Les résultats commencent à se faire sentir, les prix n'ayant diminué que de 0,1 % en avril, par rapport à mars. La Chine pourrait donc se trouver dans une période d'ajustement des prix, eu égard à la baisse de 4,46 % constatée en avril 2015 par rapport à avril 2014. Car de mars 2014 à mars 2015, les prix avaient chuté de 4,35 %, et plus en arrière de 3,84 % de février 2014 à février 2015. La correction semble donc s'aplanir, et pendant ce temps les promoteurs ne manquent pas d'idées pour valoriser leurs logements neufs.

Vendre des appartements à des Chinois grâce à des Européens

Si le modèle occidental fait toujours bonne recette dans les pays émergeant, les nouvelles puissances économiques y sont elles-aussi friandes. Aujourd'hui en Chine pour valoriser un appartement, il faut des mannequins occidentaux, de style caucasien. On accepte également des figurants noirs, mais pas d'Indiens car ils ne sont pas vendeurs.

Le site 20minutes.fr consacre une page sur ce sujet, affichant même la vidéo d'un réalisateur traitant de ce business éclatant pour les occidentaux de belle allure. Exactement comme la présence d'une superstar à un balcon augmente le prix du programme immobilier, de sympathiques européens et américains permettent de valoriser un appartement, et en plus ils coûtent moins cher.

 

États-Unis : les prix de l'immobilier repartent à la hausse

Hausse de 5 % dans les 20 plus grandes villes américaines

C'est l'agence de notation Standard & Poor's qui a rendu publique l'enquête de Case Shiller. On y apprend que les prix de l'immobilier dans les 20 plus grandes métropoles des États-Unis ont augmenté de 0,9 % de janvier à février, amenant ainsi la performance à +5 % en 1 an. Il s'agit donc d'une hausse de l'augmentation, le mois de janvier ayant vu les prix de la pierre outre-Atlantique progresser de 4,5 % sur 1 an.

Si l'on reste loin des prix enregistrés avant l'apparition de la crise immobilière à l'été 2006, il reste que les prix des logements grimpent plus vite que l'inflation, et gagnent plus de terrain que ne le font les salaires.

Certaines métropoles comme Denver affichent même des performances de plus 10 %, tandis que San Francisco retrouve des hauteur avec +9,8 %.

Il reste toutefois de bonnes opportunités à faire dans des zones économiques indétrônables telles que Las Vegas. Au plus fort de la crise, les prix de la pierre avaient perdu 61,7 %, et restent aujourd'hui à 41,5 % en dessous du niveau qu'ils avaient au plus fort de l'été 2006.

Pendant ce temps, le stock d'immobilier de luxe grandit

Une information du site immobilier du quotidien LeFigaro.fr et reprise par Atlantico.fr, nous donne un aperçu intéressant de l'immobilier de luxe aux États-Unis. Depuis un an les promoteurs vendent moins d'appartements neufs à plus de 10 millions de dollars, eu égard au parc immobilier haut de gamme disponible sur le marché à moindre prix. Les ventes ont ainsi sous-performé de 18 % en 1 an, le stock disponible atteint aujourd'hui 129 unités, contre 74 années dernières.

Mais même chez les milliardaires, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Ainsi on enregistre des transactions sur des maisons à plus de 100 millions de dollars, soit près de 90 millions d'euros. Et c'est bien peu dire, car la maison la plus chère actuellement en vente aux États-Unis appartient à un géant de l'immobilier, qui propose sa résidence pour 157 millions d'euros. À Hillsboro Beach en Floride, cette magnifique demeure de 5000 m² habitables a été vendue à près de 106 millions d'euros.

À New York, un milliardaire anonyme s'est allégé de 86,7 millions d'euros pour occuper les 1000 m² d'un duplex occupant 2 étages de la tour One 57.

 

Espagne : les promoteurs retrouvent le chemin de Madrid

Le promoteur ibérique Juan Miguel Villar Mir vient de mettre un pied supplémentaire dans la capitale espagnole, en acquérant un terrain constructible de 67 000 m². Pour un loyer de 4 millions d'euros/an pendant 75 ans et un investissement total de 434 millions d'euros, son groupe s'apprête à bâtir un gratte-ciel hébergeant notamment un centre commercial ainsi qu'un hôpital privé.

Mais il a de la concurrence, comme le rappelle le quotidien lesechos.fr. À défaut de retourner dans le secteur de l'immobilier résidentiel, les poids-lourds de l'investissement se tournent vers les gratte-ciel. Le groupe chinois Wanda a ainsi acquis la tour Torre Espana, qui abritera elle aussi un centre commercial, en plus d'un hôtel.

Et du coup les administrations publiques y vont de leurs objectifs budgétaires, en cédant des terrains destinés à la construction d'ensembles résidentiels. Et voici que resurgissent les fantômes de la spéculation, au travers des élections madrilènes. Le parti au pouvoir actuellement voudrait bien lancer un projet de 3 millions de m², auquel son principal adversaire s'oppose avec véhémence, pointant du doigt les mauvais souvenirs de la bulle immobilière.