Coronavirus : les premiers impacts de la crise sur les prêts immobiliers

L’impact du Coronavirus est grandissant sur l’économie mondiale. Cette crise inédite vient perturber le marché de l’immobilier. Nombreux sont les particuliers qui ont un crédit en cours, qui ont signé une promesse de vente juste avant le confinement ou qui ont pour projet d’acheter un bien. Cependant, aujourd’hui toutes les démarches sont bouleversées par cette crise sanitaire et économique. À quoi devez-vous vous attendre pour les semaines à venir ? Éléments de réponse dans cet article.

L’impact sur les taux de crédit immobilier 

À l’heure où nous écrivons cet article, nous ne pouvons pas encore mesurer l’impact du Covid-19 sur les taux des crédits immobiliers. En effet, même si avant le confinement, le taux d’emprunt d’État en France à 10 ans n’avait pas bougé, la situation est aujourd’hui différente. Ce dernier a augmenté de 0,38%. Une hausse révélatrice des craintes sous-jacentes à la crise. La crainte de la récession et de l’augmentation du déficit public y sont pour quelque chose. Sans compter que les mesures annoncées par la Banque Centrale Européenne n’ont pas complètement rassuré les investisseurs. Pour le moment, le pronostic n’est pas encore établi. Et nous n’avons pas assez de recul sur la situation pour pouvoir nous avancer sur le sujet.

Comme l’explique Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer, « Il est actuellement difficile d’évaluer l’impact de la hausse des taux d’emprunt d’Etat sur les taux de crédit car le marché du crédit est actuellement à l’arrêt, les banques n'accordant plus pour la plupart de nouveaux crédits ».

Plusieurs scénarios sont possibles et ils dépendront de plusieurs facteurs. « L'impact sur les taux de crédit dépendra de la durée du confinement et de l’annonce de nouvelles mesures de la part de la BCE... si cette période se prolonge, cela pourrait se traduire par une chute des demandes de prêts sur plusieurs semaines : dans ce contexte, les banques pourraient souhaiter maintenir des taux bas pour rattraper le retard, quitte à rogner sur leurs marges pour relancer la machine... », toujours selon Sandrine Allonier. Nous devons donc patienter pour y voir plus clair dans les jours voire les semaines à venir.

L’impact sur les crédits en cours

Si vous avez une demande de crédit en cours, attendez-vous à ce que les délais de traitement soient rallongés. En effet, les banques doivent faire face à une diminution de leurs effectifs. La priorité est bien évidemment donnée aux dossiers en cours, mais les choses fonctionnent au ralenti. Vous devrez donc vous armer d’un peu de patience pour voir votre projet avancer.

Dans le contexte actuel, en cas de dépassement des conditions suspensives, le vendeur n’a pas d’intérêt à demander l'annulation de la vente pour chercher un autre acheteur. Si vous êtes dans cette situation-là, contactez le vendeur et votre banque et trouvez une solution ensemble. 

Si vous avez un crédit immobilier en cours, vous faites partie du tiers des Français dans ce cas. Ainsi, selon un sondage OpinionWay pour Vousfinancer, 31 % des Français remboursent actuellement un crédit immobilier, soit près de 1 sur 3. Vous avez peut-être une option dans votre offre de prêt qui prévoit une suspension de vos échéances sous certaines conditions. Vérifiez bien votre contrat et n’hésitez pas à contacter votre conseiller pour voir avec lui les mesures possibles. En revanche, la suspension d’échéance a un coût. En effet, le report génère des intérêts supplémentaires. Si une suspension des échéances est impossible, vous pouvez négocier leur modulation. Elle peut aller de 10% à 30% selon les banques et sous certaines conditions. Faite donc bien vos calculs avant de faire une demande de suspension ou de modulation.

Cependant, sachez que l’assurance de prêt ne peut être suspendue et reste due mensuellement. « Même si votre banque ne propose pas cette option, elle pourra tout de même accepter un report temporaire dans cette situation particulière, car son objectif est d'assurer la continuité du remboursement du crédit pour éviter que celui-ci ne passe en créance douteuse ou défaut de paiement. Certaines banques qui avaient prévu cette clause sont même en train d'assouplir les conditions de report pour accompagner au mieux leurs clients » comme nous l’expose Sandrine Allonier.

L’impact sur les demandes de crédit

La crise Covid-19 a mis les demandes de prêts immobiliers à l’arrêt. Vous ne pouvez donc pas demander un crédit à l’heure actuelle. Les banques ont gelé ce service et traitent en urgence et en priorités les dossiers déjà en cours. En effet, comme beaucoup d’entreprises en France, les banques doivent se réorganiser face au confinement. Elles ont donc pris le parti de ne plus prendre de nouveaux dossiers jusqu’à nouvel ordre. Par ailleurs, elles doivent traiter toutes les demandes de report d’échéances qui ne cessent de croître. Et pour cause, beaucoup de Français se retrouvent au chômage partiel, voient leur activité réduite et subissent une perte de revenus. 

Comme le souligne Jérôme Robin, directeur général de Vousfinancer, « Nous n'avons que très peu de demandes de nouveaux crédits. Le climat actuel fait que les préoccupations des Français sont davantage d'ordre sanitaires et peu portées sur l'investissement à long terme. Pour autant nous restons mobilisés, 80 % de nos agences continuent à traiter les dossiers en cours pour faire avancer les demandes de prêt déposées ces dernières semaines. Et même si nos agences sont fermées au public, nous sommes en contact permanent avec nos clients, par téléphone, mail ou visioconférence ». Tout est mis en oeuvre pour honorer les dossiers lancés avant le confinement. Cependant, si vous avez pour projet d’investir dans un bien, vous devrez attendre la fin de la crise pour pouvoir le réaliser. 

Sandra PETRICEVIC