Immobilier : le maire de Grenoble met des bâtons dans les roues des propriétaires-bailleurs !

Eric Piolle, maire de Grenoble (Europe Ecologie Les Verts), proche de Cécile Duflot sur le plan idéologique envoie un très mauvais signal aux propriétaires grenoblois ! En effet, il affiche clairement sa volonté de protéger les locataires mauvais payeurs. Certes, l’intention part d’un bon sentiment mais cette mesure risque d’engendrer de nombreux effets pervers. Pour rappel, la trêve hivernale a pris fin officiellement le 1er avril dernier (période qui court chaque année de novembre à avril dans toute la France, interdisant aux propriétaires d’expulser leur locataire en raison du froid).

Les mauvais payeurs protégés au-delà de la trêve hivernale

Mais  le maire de Grenoble a mis en place une mesure qui vise à protéger les locataires mauvais payeurs au-delà de cette trêve hivernale. Le propriétaire ne pourra pas expulser un locataire, sauf s’il lui a trouvé une solution de relogement par l’Etat. En effet, le 13 mai dernier, le maire de Grenoble a fait voter une résolution interdisant l’expulsion d’un locataire si son relogement n’est pas assuré par les bailleurs. De quoi satisfaire le DAL (Droit au logement) qui en quelque sorte a pris Eric Piolle en otage (manifestations devant la Mairie…). Mais de quoi faire bondir les propriétaires, les professionnels et les associations de défense des propriétaires. D’autant qu’il est déjà compliqué de faire expulser un locataire, les décisions de justice prennent des mois et si elles interviennent par exemple en novembre, le propriétaire doit attendre le 1 er avril suivant pour que la décision puisse s’appliquer enfin (après déjà 2 ou 3 ans d’attente).

Il est inacceptable qu’un maire aille contre la loi

Malgré cette protection juridique forte pour les locataires, Eric Piolle n’a pas hésité à prendre une décision politique visant à renforcer cette protection des locataires et à mettre des bâtons dans les roues des bailleurs privés. « Il est inacceptable qu’un maire puisse aller contre la loi. Il est inacceptable qu’un maire entrave le droit de propriété constitutionnellement protégé, sachant que ces arrêtés anti-expulsion sont systématiquement annulés par le tribunal administratif », s’insurge Christophe Demerson, Président de l’UNPI (en photo ci-dessus). « L’approche des élections municipales de 2020 donne évidemment de bien mauvaises idées aux candidats sous couvert de vouloir aider les administrés », déplore-t-il.

L’incurie des bailleurs publics

Faire reposer la solidarité nationale sur le seul propriétaire privé afin de pallier l’incapacité de la puissance publique à reloger les personnes en difficultés est totalement injuste. « Le bailleur privé n’a pas à trouver une solution de relogement ou d’hébergement. C’est le rôle du maire avec les services du Préfet », dénonce Christophe Demerson. Et d’ajouter : Monsieur le Maire, assumez votre rôle ! « Plus de la moitié de nos concitoyens démunis sont logés dans le parc privé », rappelle Christophe Demerson. « Puisque les bailleurs publics (HLM) construisent pour des gens qui gagnent 4000 euros par mois », regrette-t-il.

Derrière chaque locataire, il faut un propriétaire bailleur

Cette mesure clairement anti-propriétaires ne risque-t-elle pas de détourner les particuliers de l'immobilier locatif ou de conduire les bailleurs à être deux fois plus sélectifs avec les locataires potentiels et écarter d’office les dossiers moins solides, rendant l’accès au logement pour les locataires les plus modestes de plus en plus compliqué ? En tout cas, cette décision empreinte d’idéologie rejoint bien la vision de Cécile Duflot : il faut protéger les pauvres locataires au détriment des riches propriétaires, forcément rentiers et capitalistes. « Non les propriétaires ne sont pas des rentiers, ils sont taxés fiscalement, payent de nombreuses charges et pour beaucoup investissent pour préparer leur retraite », recadre Christophe Demerson. Lorsqu’un locataire ne paye plus son loyer, le propriétaire qui a un crédit sur le dos, peut très vite se retrouver pris à la gorge. L’UNPI (chambre 38) reçoit beaucoup d’appels de bailleurs grenoblois très inquiets depuis l’annonce de cette décision. « Une décision politique totalement dénuée de sens » selon Jérôme Robin, directeur général de Vousfinancer, lui-même propriétaire bailleur à Grenoble. "À Grenoble y’a pas que des gens brillants ! Eric Piolle vous êtes épuisant de bêtise ...", a-t-il réagi hier sur son compte Twitter.

Le coup de grâce pour les bailleurs grenoblois !

Selon Christophe Demerson, les propriétaires qui appellent l’UNPI suite à cette annonce, sont ceux déjà touchés par la problématique d’impayés : leur locataire ne paye plus depuis des mois, certains ont un ou deux ans d’impayés derrière eux et maintenant ils apprennent qu’ils devront les reloger avant de faire appliquer la décision officielle d’expulsion. Ils sont plus qu’inquiets !

Une décision idéologique et électoraliste 

Certains comptaient acheter et investir à Grenoble, mais cette annonce a refroidi leurs intentions d’achat. Cette décision engendre fatalement de l’attentisme. L’UNPI du département de l’Isère (38) a écrit au Préfet pour demander l’annulation de l’arrêté anti-expulsion sans proposition de relogement préalable car il met le droit de propriété inscrit dans la Constitution en danger  (selon France 3 Auvergne l'arrêté a été signé le 22 mai mais l’UNPI ne l’a pas encore eu entre les mains) En tout cas, l'opposition dénonce d'ores et déjà "un arrêté illégal", qui pourrait être contesté en justice. A noter que selon plusieurs sources concordantes, le DAL appelle maintenant l’ensemble des maires de 49 communes de la Métropole à suivre l’exemple d’Eric Piolle. Cèderont-ils aussi à la pression à l'instar de l'édile grenoblois ? Affaire à suivre...

Alexandra Boquillon