Taxe d’habitation : 18 millions de Français en seront exonérés d’ici 2020

18 millions de Français seront exonérés de taxe d’habitation d’ici 2020. Cette mesure phare d’Emmanuel Macron est entre les mains du nouveau ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin. Qui est-il ? Quel est son parcours ? Portrait.

 

Le nouveau ministre de l'Action et des Comptes publics qui souhaite «incarner le gaullisme social» soucieux «du respect des grands comptes publics et en même temps de la protection des plus faibles», s’estime «très heureux de mettre en place la suppression de la taxe d'habitation".

18 millions de Français seront exonérés de taxe d’habitation d’ici 2020, soit 80% des contribuables qui en sont aujourd’hui redevables.

 « Un impôt injuste »

 Emmanuel Macron avait déclaré durant sa campagne que « la taxe d'habitation est un impôt injuste : on paye souvent beaucoup plus quand on vit dans une commune populaire que dans une commune riche». En effet, le taux d’imposition est plus élevé dans les communes populaires car elles n’abritent pas ou peu d’entreprises.

 Cette exonération qui bénéficiera à 80% des Français qui en sont aujourd’hui redevables, va en parallèle coûter très cher à l’Etat : « plus de 10 milliards d'euros par an à l'État », selon les estimations d'En marche!

Mais comment mettre en marche cette réforme équitable pour les citoyens mais coûteuse pour l’Etat ? Comment ce dernier compensera-t-il le manque à gagner ? C’est toute la question. Le Président Macron a certifié qu'elle ne coûterait rien aux communes puisque l’Etat comblera entièrement le déficit engendré. Et selon le Figaro, « pour éviter que les maires profitent de l'aubaine pour faire passer des hausses brutales de taxe d'habitation, à moindre coût pour leurs administrés, les équipes d'En marche! ont fixé une règle: les remboursements seront effectués sur la base de 2016. Les éventuelles futures hausses seront donc réglées par les habitants de la commune. Dans ce contexte, les conseillers du président réfléchiraient à un gel temporaire du taux de la taxe d'habitation jusqu'en 2020, afin que tous les contribuables puissent pleinement mesurer le geste présidentiel ».

Une question subsiste : sur quoi se rattrapera l’Etat ? Où irat-il trouver 10 milliards d’euros par an ? A suivre

  Mais qui est Gérald Darmanin, quel est son parcours ?

Selon un portrait signé Saïd Mahrane, journaliste au Point, Gérald Darmanin, jeune maire du parti Les Républicains (LR) de Tourcoing, âgé de 34 ans et récemment nommé ministre de l'Action et des Comptes publics, « a réussi une formidable ascension sociale. Lui aussi a fréquenté la banque, mais d'une tout autre manière qu'Emmanuel Macron, sans costume à rayures, sans jamais mener le début d'une transaction, sans toucher aux claviers et sans passer d'ordres. Durant de longues années, sa mère a été femme de ménage à la Banque de France, pas n'importe où, au siège, situé rue de la Banque dans le 1er arrondissement de Paris ».

 A coup de livres il a franchi tous ces murs

 Gérald Darmanin a grandi dans ce quartier ,et y a appris la vie, avant de tenter Sciences Po, qu'il réussit avec brio quand la fille de l'employeur de sa mère n'a pas été retenue. Pour financer ses études, il a chanté dans le métro, du Brassens, du Lapointe. « Gérald », c'est aussi Moussa, son deuxième prénom, celui qu'utilisent ses ennemis locaux en période électorale pour faire naître le soupçon d'une double appartenance.

 Séguiniste, ex soutien de Sarkozy puis de Fillon et proche de Xavier Bertrand

 Darmanin, nommé ministre de l'Action et des Comptes publics veut « faire », « agir », pour qu'on parle de lui pour ce qu'il est et non forcément pour ce qu'il fut, même s'il narre avec fierté son récit familial depuis l'engagement de ce grand-père, tirailleur algérien en 1940, jusqu'aux sacrifices maternels. Le Nord est sa terre d'élection et sa terre de naissance. Ce séguiniste est né à Valenciennes, précisément à « Monaco » – le nom de la maternité. Les visages du cru et ce qu'ils disent de la vie lui sont familiers. Les histoires sont souvent faites de chômage, de divorce, de mal-logement et, parfois, de faits divers glauques...

 Bien que le maire de Tourcoing veuille toujours mettre l'accent sur les aspects positifs de sa ville, il doit faire face quotidiennement à cette réalité, qui peut parfois avoir les traits d'une jeune mère isolée, à la rue et à la denture gâtée. Au sein de son parti, Les Républicains, il est toujours apparu tel un élu à part, libre, s'intéressant aux idées et à l'histoire. Une ambition prête à servir Nicolas Sarkozy (il a été son coordinateur de campagne), puis François Fillon dans sa campagne présidentielle – avant de le quitter –, dans l'espoir de pouvoir un jour « faire ». De ces compagnonnages, il a tiré un livre témoignage, dont la sortie a été reportée.

Proche de Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, Gérald Darmanin a depuis longtemps identifié les méfaits de la mondialisation, qu'il constate sur son territoire. Il a mené parallèlement un travail de réflexion sur les questions d'identité, qu'il se refuse d'aborder avec passion et arrière-pensées. Il déplore que certains de ses collègues, au premier rang desquels Laurent Wauquiez, fassent de ce sujet un tremplin politique. C'est finalement un président progressiste, Emmanuel Macron, qui lui donne l'opportunité d'agir. À lui de « faire ». La France le regarde. Et sa mère aussi », écrit le journaliste du Point.

En tout cas, c’est bien parti pour lui.

Alexandra Boquillon