La banque de Ben Bernanke lui a refusé une renégociation de prêt

Ben Bernanke occupait l'un des postes financiers les plus importants de la planète il y a encore 10 mois. C'est lui qui a dû prendre en main la crise des subprimes et a appris aux banques américaines à ne plus prendre de risques. Et bien aujourd'hui il subit le retour de bâton, sa propre banque ayant refusé de renégocier son prêt immobilier. C'est autour d'un parterre hilare, durant une de ces conférences où il est payé pas loin de 180 000 €, qu'il a fait part de sa mésaventure.

Quand Ben Bernanke que ne peut pas renégocier son prêt immobilier

Mais qui est Ben Bernanke ?

Ben Bernanke a tenu le poste de président de la réserve fédérale américaine, de 2006 à fin février 2014. Celle que l'on appelle la Fed est donc la banque centrale des États-Unis, seule autorisée à faire fonctionner la planche à billets, qui il est vrai ne risque pas de rouiller outre-Atlantique.

Une mauvaise décision de sa part aurait pu entraîner une récession mondiale, il a au contraire réussi à coaguler la plaie ouverte par la crise des subprimes. Directeur de la Fed est un poste que l'on occupe après une certaine expérience, et non pas pour le "maigre" salaire annuel de 200 000 dollars, qui représente sans doute ce qu'un banquier américain gagne par jour.

Aujourd'hui Ben Bernanke se contente de conférences, pour lesquels il perçoit par séance ce qu'il percevait par an lorsqu'il occupait son précédent emploi.

Oui mais voilà, apparemment cela n'a pas été suffisant à sa banque, qui lui a refusé une renégociation de prêt immobilier.

Quand la machine administrative est en marche

C'est au plus fort de la crise des subprimes que Ben Bernanke tape sur le doigt des banques. Il accepte de faire fonctionner la planche à billets pour les refinancer, mais à condition que ces dernières soient plus prudentes. Le moins qu'on puisse dire est qu'elles ont appliqué ces préceptes au doigt et à l'œil.

En 2004, celui qui n'était encore que directeur de banque et son épouse, achètent une maison dans le quartier de Capitol Hill à Washington, pour 839 000 dollars.

Voulant aujourd'hui profiter de taux d'intérêts à long terme inférieurs à la croissance, Ben Bernanke demande donc à sa banque de renégocier les conditions de son prêt immobilier. Refus pur et simple, très certainement car aujourd'hui l'ancien grand argentier des États-Unis ne bénéficie pas d'une situation stable.

« Je n'invente pas ! » s'exclame le financier jeudi dernier, au cours d'une conférence au National Investment Center for Seniors Housing and Care de Chicago, face à un public hilare pensant à une bonne blague. Et de déplorer que les organismes de crédit « soient peut-être allés un peu trop loin sur les conditions de crédit hypothécaire ».

Ben Bernanke, un profil d'emprunteur risqué ?

Avant la crise des subprime, les banques américaines prêtaient à tout-va, tout comme l'ont fait les banques espagnoles à partir des années 2000. Des ménages déjà endettés se voyaient attribuer des prêts immobiliers à taux variable non capés, indexés sur des données opaques noyées dans un labyrinthe de mécanismes financiers.

Les contrats étaient rachetés par des organismes spécialisés dans la titrisation des prêts immobiliers, qui se sont retrouvés avec une pile de créances douteuses. Aujourd'hui encore des acteurs tels que Freddie Mac et Fannie Mae ne sont pas encore tirés d'affaire.

Depuis les banques américaines ont retenu la leçon. Elles scrutent le profil emprunteur, et s'assure de ne pas distribuer de prêts à risques. C'est peut-être cela qui a joué contre le malheureux Ben Bernanke. Malgré des revenus fiscaux de 200 000 dollars l'année dernière, malgré des conférences payées au même prix, sa banque a pu considérer qu'il présentait un profil d'emprunteur risqué.

Pourquoi : parce qu'il est passé d'un emploi salarié stable, à une situation personnelle sans rentrée d'argent fixe.

 

Et si Ben Bernanke avait été français ?

Et si Ben Bernanke avait été français, aurait-il pu renégocier son prêt immobilier à des conditions plus avantageuses ? La logique voudrait que sa propre banque souhaite conserver sa clientèle, surtout s'il utilise des produits bancaires. Assurances diverses, usage de cartes de crédit et surtout épargne sont des arguments auxquels un directeur d'agence n'est pas insensible.

De plus s'il avait emprunté en 2004 en France, il aurait probablement bénéficié d'un taux nominal supérieur à 5 %. Aujourd'hui il est possible d'emprunter aux alentours de 2,8 %, plus ou moins en fonction du profil client.

Cependant il se serait heurté au même problème : la pérennité de ses revenus. Car si la condition sine qua non est que le taux d'endettement futur ne dépasse pas 33 % des revenus annuels nets, il n'en reste que l'emprunteur doit prouver la stabilité de sa situation professionnelle. Or pour quelqu'un d’installé à son compte ou vivant de rente, ce n'est pas toujours évident.

Si les banques acceptent de prêter à des professions libérales, auto entrepreneurs, CDD et autres intérimaires, une expérience minimum est demandée. Selon la politique interne des organismes de crédit, il est nécessaire de prouver 18 mois d’activité continue, voire 24 mois.

Concernant le cas de Ben Bernanke, il est clair que le financier est en mesure de montrer une longue expérience positive dans son domaine professionnel. On peut définitivement en conclure que l'infortuné aurait vu son dossier accepté en France. Hier on reprochait aux banques françaises d'être trop frileuse et de ne pas suffisamment prendre exemple sur leurs consœurs d'outre-Atlantique, aujourd'hui on ne peut plus le dire.

 

Finalement l'exemple français n'est pas si mal

Si le marché immobilier français a échappé aux bulles immobilières qu'ont connu ses voisins (Irlande, Espagne), c'est grâce à son système prudent. Tout d'abord les taux d'intérêt sont fixes, les mensualités restent donc les mêmes pendant toute la durée de remboursement. L'inflation aidant, plus les années passent et plus le poids des échéances diminuent au sein du budget des emprunteurs.

En France il est très difficile d'obtenir un prêt immobilier, lorsque le taux d'endettement futur dépasse 33 % des revenus imposables nets. Si aujourd'hui nombres de particuliers ont du mal à emprunter pour acheter une résidence principale ou investir dans l'immobilier, il s'agit souvent d'une question de perception de leur dossier.

Le travail des courtiers de Vousfinancer.com est justement de monter leur dossier dans le bon ordre, et de le transmettre aux banques susceptibles de l'accepter.