Marché immobilier : une braderie sans acheteurs

C'est sans doute le moment d'acheter de l'immobilier, pensent les notaires de France. Ils s'appuient pour cela sur une hausse de pouvoir d'achat de 20 % par rapport à 2008, obtenue grâce à la baisse des prix du m² et des taux. Toutefois ils rongent leur frein, en substituant la prudence à l'optimisme. Car à la fin janvier ils comptabilisaient environ 700 000 transactions immobilières, soit une baisse de -3 % par rapport à janvier 2014. Selon eux les banques devraient appuyer le marché davantage, c'est pourtant ce qu'elles semblent faire eu égard aux derniers chiffres de l'Observatoire CSA/Crédit Logement.

Les appartements anciens en décote dans 3/4 des départements

Baisse des prix de - 2,4 % sur 1 an dans l'ancien

D'après l'indice notaires INSEE, au 4e décembre 2014 les prix des logements ont baissé de -2,4 % sur 1 an, dont -1,2 % par rapport au 3e trimestre. Les plus touchés sont les appartements de province, dont les transactions se sont effectuées à -2,9 % en dessous de leur niveau de 2013. Comparé à cela la région parisienne ne s'en sort pas trop mal, avec une baisse de -1,9 % sur 1 an, dont -0,4 % sur 3 mois.

Dans leur analyse du marché, les notaires constatent que la décote augmente lorsque l'on s'éloigne des centres-villes.

Ils vont même jusqu'à remarquer qu'aucune transaction immobilière ne se réalise dans certaines zones rurales.

Prix des appartements anciens : les gagnants et les perdants

Les notaires constatent que près de 3 départements sur 4 affichent une baisse des prix de leurs appartements anciens. Ils ne notent que 3 grandes villes au sein desquelles les prix progressent, il s'agit de Toulouse (+ 3,3 %), Strasbourg (+ 2,5 %) et Bordeaux (+ 1,3 %). Ils notent également 3 agglomérations qui arrivent à tirer leur épingle du jeu : Nice (+ 7 %), Marseille - Aix-en-Provence (+ 5 %), et Douai - Lens(+ 2,4 %).

À l'autre bout du classement les prix des appartements anciens baissent de -11,2 % à Toulon, et -8,3 % à Dijon. Les métropoles les plus atteintes perdent -7 %, à l'image de Toulon, Lille et Rouen.

On ne constate que 7 villes qui voient le prix de leurs appartements anciens augmenter au 4e trimestre 2014. Mais une fois passée les 3 premières du podium, on ne tombe que sur de maigres résultats à l'instar d'Orléans et Lyon, qui n'affichent qu'une augmentation de + 0,2 %.

C'est sans doute le moment d'acheter un appartement à Caen, où les prix ont baissé de -13 % en 1 an. Il y a peut-être également de bonnes affaires du côté de Besançon (-10,3 %) et Toulon (-11,2 %).

7960 €/m² à Paris contre 1120 €/m² à Limoges

Les prix des appartements anciens vont du simple au septuple en France métropolitaine. Pour le prix d'une chambre de bonne à Paris on pourra s'offrir une maison 3 pièces à Limoges, tandis qu'à Nancy on pourra se loger pour 1790 €/m², contre 2460 €/m² quelques centaines de km plus loin à Strasbourg.

La région niçoise reste la seconde plus chère de France à 3605 €/m², suivi par la Corse-du-Sud et ses 3240 €/m².

 

Les prix des maisons anciennes se corrigent partout en France

Jusqu'à -2,4 % en province

D'après la note de conjoncture notaire/INSEE, le prix médian des maisons anciennes est en recul de -2,4 % sur 1 an. En province il va jusqu'à reculer à -2,4 %, pour se contenter de -2,1 % en Île-de-France. Les maisons anciennes ne font plus recette, souvent à cause de leur éloignement des centres urbains. Nulle surprise alors que le marché de la résidence secondaire continue de fonctionner au ralenti.

Les prix de l'immobilier secondaire dans la Creuse en baisse de 50 %

Dans un contexte de difficultés économiques mais surtout de manque de confiance en l'avenir, acheter une résidence secondaire est désormais un luxe. Et pourtant cette folie est de plus en plus abordable, notamment dans la Creuse ou les maisons de campagne destinées affichent une décote de 50 % par rapport à leur prix de 2008. Les mêmes bonnes affaires se réalisent aujourd'hui dans le Gers, le Périgord ou le Morvan.

Les zones les plus proches de la région parisienne, nid historique d'acheteur d'immobilier secondaire, résistent mieux. Ainsi les décotes ne dépassent pas 25 % en Normandie, aujourd'hui accessible à 2h30 de Paris.

Les valeurs sûres comme les vieilles bâtisses du Lubéron réussissent à ne perdre que 10 % sur leur prix de vente.

Prix des maisons anciennes : les gagnants et les perdants

Dans l'ensemble le marché immobilier de la maison ancienne résiste mieux que celui des appartements. On trouve des prix en hausse dans les villes des grandes métropoles, à l'exemple de Grenoble ou la transaction médiane s'effectue à 340 900 €, soit + 10,9 %. À Dijon il valait mieux vendre une maison qu'un appartement cette année, le prix médian a gagné + 7,3 %, pour s'établir à 210 900 €. C'est Marseille - Aix-en-Provence qui ferme le podium, avec un prix médian en hausse de + 5 % à 315 000 €.

Dans l'hexagone on trouve 8 autre villes dont les prix des maisons anciennes est en augmentation. Cela va de Caen avec + 0,6 % à 191 200 €, à Reims et ses + 2,8 % pour 200 500 €.

Mais il y a également les grands perdants, comme Châteauroux où les transactions se sont effondrées de -15,6 %, pour un prix médian de 105 500 €. Juste derrière vient Le Havre, où les notaires voient une médiane à 154 500 €, en baisse de -14,2 %. Curieusement les maisons toulousaines n'ont pas profité du succès immobilier de la ville rose, perdant -0,8 % pour une transaction médiane à 260 000 €. En Île-de-France les prix continuent de s'ajuster à la baisse pour atteindre -2,1 %, et un prix médian de 292 200 €.

 

L'immobilier neuf serait-il en train de repartir ?

Notaires et promoteurs constatent que le nombre de réservations de logements neufs est en augmentation depuis la fin 2014. Acheteurs et investisseurs se tournent surtout vers des appartements de 2 pièces et de 3 pièces, les seconds étant particulièrement attirés par la souplesse du dispositif Pinel. Si l'on ne peut pas encore parler de redémarrage du secteur, l'idée que le point bas ait été atteint n'est pas à écarter.

Car si le nombre de mises en chantier recule, et si le taux d'annulation des constructions reste élevé, les ventes des promoteurs augmentent de + 3,4 % au dernier trimestre 2014, par rapport à la même période en 2013. En revanche les bons chiffres ne concernent que les appartements neufs, les ventes de maisons neuves étant en baisse de - 5 % sur 1 an.

 

Crédit immobilier : les notaires pas contents des banques

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes pour relancer le marché immobilier, n'eût été les conditions de financement du point de vue des notaires. Ces derniers déplorent un nombre grandissant de promesses de vente annulées, pour cause de refus des banques.

On entend pourtant un son de cloche différent lorsque l'on se tourne vers le rapport mensuel de l'Observatoire CSA/Crédit Logement. La première société de caution de prêt immobilier en France note au contraire une augmentation de + 22,5 % du nombre de contrats accordés de janvier à mars, par rapport aux 3 mois précédents. Si l'on en reste toujours sur un recul de -2,2 % en 1 an, l'écart est en train de rétrécir à un tel point qu'un retour en zone verte est envisageable au cours des 12 mois suivants.