Marché immobilier : Nantes est-elle le nouveau Bordeaux ?

« La capitale des Ducs de Bretagne serait-elle en passe de devenir le « nouveau » Bordeaux ? En tout cas la forte attractivité de Nantes (8 000 nouveaux arrivants chaque année !) fait s'embraser le prix de l’immobilier ancien et provoque une pénurie de logements », selon SeLoger. Analyse de Michel Lechenault, responsable éditorial de SeLoger et témoignage de Mélanie Ansquer, mandataire immobilier indépendant rattaché au réseau IAD, spécialisée dans le marché nantais.

Une demande qui explose, des prix qui montent et une offre qui se raréfie

La demande est bel et bien présente. Il faut dire que chaque année 8000 arrivants s’installent à Nantes : des Parisiens dotés d’un pouvoir d’achat plus important que la clientèle locale. Ce qui fait mécaniquement monter les prix », explique Michel Lechenault, responsable éditorial de SeLoger. Et d’ajouter : « comme à Paris, le problème à Nantes n’est pas de trouver des acquéreurs mais des mandats » ! Il y a 3 ou 4 ans vous pouviez devenir propriétaire d’une maison en échange d’une enveloppe comprise entre 250 000 et 300 000 euros, alors qu’aujourd’hui, le même type de bien se monnaye entre 500 000 et 600 000 euros », rapporte Michel Lechenault. Située à 2 heures de train de Paris (Bordeaux est à 2h15 de la capitale), Nantes n’a pas encore atteint les prix immobiliers bordelais mais ils vont indéniablement augmenter, anticipe Michel Lechenault. Pour information, « les prix s’établissent en moyenne à 3550 euros du mètre carré dans la métropole nantaise, 3973 euros du mètre carré dans la métropole de Lyon et 4062 euros dans la métropole bordelaise », observe-t-il. Vous l’aurez compris, dépêchez-vous d’acheter à Nantes, avant que les prix ne deviennent complètement délirants.

 8000 arrivants chaque année : flambée des prix et pénurie de biens à vendre !

« L’urbanisation de l’économie bat son plein. En effet, c’est désormais dans les grandes villes que sont créés la quasi-totalité des nouveaux emplois. Nantes est la parfaite illustration de cette « métropolisation » de la croissance. Chaque année, ce sont quelques 8 000 néo-Nantais qui s’y installent, séduits par le cadre de vie que leur propose la capitale des Ducs de Bretagne et attirés par son dynamisme économique. Mais force est de constater que l’engouement que suscite Nantes n’est pas sans impacter son marché immobilier : l’attractivité de la ville provoque ainsi une flambée du prix des logements mais aussi une baisse des transactions et une raréfaction des biens proposés à la vente. Or, si la demande dépasse l’offre et qu’une pénurie de logements s'en suit, les prix immobiliers vont fatalement continuer de grimper… Bref, c’est le serpent qui se mord la queue ! « Le marché immobilier nantais est en forte tension. Sur le terrain, nous constatons, depuis quelque temps déjà, une hausse des prix et de la demande » confirme Mélanie Ansquer, mandataire immobilier indépendant rattaché au réseau IAD et spécialisé dans le marché nantais. « À Nantes, il y a une pénurie de biens et c’est encore plus vrai en ce qui concerne les maisons ». Dans certains quartiers de Nantes, il n’est d'ailleurs pas rare que ce type de biens (devenus une espèce en voie de raréfaction) trouve preneur au prix de 500 000 €. En un an, la demande de logements à Nantes a progressé de 22% alors que l’offre a reculé de 11%.

Un choc de l’offre pour faire redescendre la pression...

À 3 389 €, en moyenne, du m², le prix immobilier à Nantes reste bien sûr en deçà de ceux de Bordeaux ou encore de Lyon. Pour autant, la forte poussée de croissance, qui a touché le prix de l’immobilier à Nantes, et la pénurie de logements, que les professionnels constatent, pourraient bien produire les mêmes effets sur ses habitants. De moins en moins de Nantais disposent des moyens financiers pour acheter un logement dans leur ville. À l’origine de cette baisse de pouvoir d’achat immobilier des Nantais, on trouve un tissu économique local auquel on n’a pas laissé le temps de s’adapter à l’inflation du prix des logements et qui, dans certains cas, ne peut rivaliser avec les budgets dont disposent certains nouveaux arrivants. Parmi les quartiers de Nantes qui se valorisent, on peut citer Saint-Félix, Saint-Donatien, Saint-Pasquier, Zola, Chantenay-Saint-Anne…

Orvault en périphérie nantaise cartonne !

De la même façon que certains Bordelais, découragés par le prix de l’immobilier dans leur ville, élargissent leur recherche aux communes limitrophes (Pessac, Mérignac…), certaines familles nantaises, qui se trouvent dans l’incapacité de s’offrir une maison dans Nantes intra-muros, se tournent désormais vers son agglomération : Basse-Goulaine, Carquefou, Orvault, Bouguenais, Saint-Sébastien-sur-Loire, etc.« Par exemple Orvault en périphérie nantaise cartonne ! », observe Michel Lechenault. À budget équivalent, faire le choix - parfois douloureux - de s'éloigner un peu de Nantes permet ainsi de pouvoir s'offrir davantage de superficie. « Des clients ne pouvaient pas acheter plus grand à Chantenay. Je leur ai alors proposé une ravissante maison ancienne à Saint-Sébastien-sur-Loire dont ils ont fait l'acquisition » explique Mélanie Ansquer. De l’avis de certains spécialistes, seul un choc de l’offre, c’est-à-dire la création de logements (sociaux, privés ou intermédiaires) pourrait parvenir à rééquilibrer le marché immobilier nantais en en réduisant les inadéquations : offre/demande, revenus/prix immobiliers…

Quel est le prix immobilier dans les villes près de Nantes ?

Pour vous installer à Saint-Herblain, comptez 2 594 € du mètre carré e moyenne, 2 705 € à Saint-Sébastien-sur-Loire, 2 798 € à Orvault, 2 764 € à Sainte-Luce-sur-Loire, 2 709 € à Rezé. Pour devenir propriétaire d’un appartement à Nantes, comptez 3389 €/m² (soit une augmentation de + 3,7 % en 1 an).

Combien devez-vous gagner pour acheter un appartement à Nantes ?

A noter que le budget moyen consacré à l’acquisition d’un logement atteint 319 142 euros. Un exemple de transaction ? Pour un bien immobilier ancien (hors frais de notaire et d'agence) vendu 234 518 € d’une surface moyenne de 69,2 m² situé en région Pays-de-la-Loire*, le montant total de l'acquisition (frais de notaire et d'agence inclus) s’élève à 268 499 €. La mensualité du crédit sur 20 ans est fixée à 1 387 € (avec un taux de 1,59 %). Le revenu minimal doit être d’environ 4 161 € par mois ».

Nantes est-elle le nouveau Bordeaux ? En tout cas dans ces deux villes de l'ouest les prix ne cessent d'augmenter, faute de biens à vendre. Nantes prend bien le chemin de Bordeaux.   Tout comme Toulouse ?

Retrouvez notre article sur Toulouse la semaine prochaine !

*Source : LPI-SeLoger

Alexandra Boquillon