Les banques européennes sont fiables

Ayant tiré les leçons de la crise financière survenue en Europe en 2011, la BCE (Banque Centrale Européenne) a renvoyé les grandes banques européennes à l'école, pour passer un examen. Pendant plusieurs mois de nombreux analystes ont épluché les comptes de ces institutions financières, afin de simuler l'impact d'une crise économique. Le résultat est plutôt bon, car sur 130 établissements examinés, seuls 25 ont échoué. Côté français, 13 banques ont été passées au crible, une seule a été testée négative.

Les banques européennes sont financièrement saines

Un test anti crise financière

Depuis le début janvier 2014, jusqu'à 800 analystes financiers se sont rendus dans 130 banques européennes, mandatés par la BCE.

Car l'Union Européenne a sur tiré les leçons de la crise financière, et en particulier le manque du transparence. La BCE a donc tenu à faire passer les banques les plus importantes sous son propre contrôle, au lieu du contrôle du gendarme national. Par exemple, actuellement les banques françaises sont sous la houlette de l'autorité des marchés financiers (AMF), bientôt les 10 plus importantes seront supervisées par la BCE directement.

Cette opération était vitale pour la santé financière de l'Union Européenne, qui n'a pas lésiné sur les moyens. De nombreux cabinets privés ont été employés, en renfort de l'habituelle armada de l'institution financière européenne.

Leur objectif : dresser la liste de tous les actifs de ces établissements au 31 décembre 2013, puis ramener le tout au bureau pour simuler une crise financière de grande envergure.

Les analystes ont donc étudié ce qui arriverait à ces banques, si les taux d'achat de la dette nationale remontaient au-delà de 3,5 %, si les prix de l'immobilier baissaient de 30 %, si le chômage augmentait, si les marchés et la croissance s'effondraient.

Seulement 25 échecs sur 130

Le résultat a été publié dimanche par la BCE, et il est plutôt rassurant. Car sur les 130 grandes banques européennes étudiées, seules 25 ont échoué à l'examen. À ce jour leurs besoins en recapitalisation se montraient à 25 milliards d'euros. Car la règle d'or est que ces établissements financiers doivent posséder des fonds propres, mis en réserve et rapportés aux crédits accordés, de 8 % de leurs actifs.

Les banques françaises parmi les plus sûres

Les 13 banques françaises passées au crible par les analystes, représentent 96,4 % des actifs du système bancaire français. Le résultat du test est clair : leur fonds propres durs représentent 11,31 % de leurs actifs, bien au-dessus des 8 % minimums exigés par la banque centrale européenne.

Mieux encore, si la situation de crise telle que prévue au scénario du test se réalise, les banques auraient besoin de finir à 5,5 % de fonds propres durs, après le passage du cyclone financier. Les géantes françaises passent le test haut la main, car les résultats montrent que le Crédit Mutuel finirait à 12,91 %, le Crédit Agricole à 8,83 %, la Société Générale à 8,15 %, BNP Paribas à 8,07 %, et la BPCE à 7 %.

Une seule banque française est mauvaise élève

Sur les 130 banques européennes évaluées, 13 étaient françaises. Parmi celles-ci, une seule n'a pas passé le test, mais a déjà fait le nécessaire pour assainir ses finances. La Caisse de Refinancement de l'Habitat (CRH) est spécialisée en rachat de crédit immobilier. Au cas où l'un des établissements financiers étudiés ne passait pas le test, il devait présenter un plan de recapitalisation. La CRH s'y est attaché dès cette année, et a levé 250 millions d'euros au lieu des 129,4 millions d'euros demandés. Le résultat fait passer son ratio de fonds propres durs à 9 %.

Le directeur de la Banque de France, M. Christian Noyer, se félicite du fait que « les banques françaises se situent dans les meilleures positions au sein de la zone euro ».

 

L'Union Européenne d'après-crise

La titrisation des créances au programme

La prudence conservatrice européenne protège les citoyens de l'UE d'un séisme financier tel qu'il s'est produit aux États-Unis en 2008. Toutefois il y a des brebis galeuses dans le troupeau, comme l'ont prouvé les nombreuses interventions de l'État, envers Dexia pour ne citer qu'elle.

Le système bancaire européen ne tient pas à être ce géant aux pieds d'argile, et souhaite donc observer à la loupe la santé financière de ses banques. Au cas où l'une d'entre elles détiendrait des créances à risque, c'est-à-dire pouvant ne pas être remboursées, la BCE s'engage à les racheter.

Pourquoi ? Eh bien parce que la banque centrale européenne peut faire fonctionner la planche à billets, et imprimer les euros nécessaires pour payer les dettes. Cela évite à la banque malade de voir la valeur de ses actions s'effondrer, et arrête nette la propagation de la panique boursière qui s'en suivrait.

Ce procédé consistant à racheter des prêts immobiliers à une autre banque les ayant accordés, s'appelle la titrisation. Dès l'appel à la mise en pratique de la titrisation en Europe, beaucoup de voix ont crié au danger. Car les organismes de crédit américain l'ont utilisé à outrance, achetant des créances pour y ajouter leurs propres créances douteuses, et enfin revendre le tout à quelqu'un d'autre.

Mais la BCE martèle que cette frénésie ne se produira pas dans l'union européenne, car les institutions veillent.

Les banquiers défendent le taux fixe

L'un des atouts de la finance française est le taux fixe. Alors que dans de nombreux pays les mensualités des prêts immobiliers et prêts à la consommation sont variables, en France ils sont majoritairement fixes.

Au plus fort de la crise des subprimes aux États-Unis, certains ménages ont vu les échéances de leurs crédits multipliées par 2. Le choc fut également rude en Espagne, avec des mensualités augmentant de 30 % à 50 %.

En France ce genre de situation n'a que très peu de chances de survenir, car s'il existe encore un peu de taux variable, ces derniers présentent une barrière de sécurité, appelé « cape ». Sur la majeure partie des contrats, le taux variable ne peut pas augmenter au-delà de 1 point. En clair, si un couple a souscrit un emprunt au taux variable de 3 %, au pire ils ne monteront qu'à 3,1 %.

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui la portion de taux variable est extrêmement faible en France.

Car on a surtout recours à cette solution lorsque les taux d'emprunt sont élevés. La tradition veut que le taux variable de départ soit particulièrement attrayant, or en ce moment il est difficile de faire mieux que ce que l'on trouve sur le marché. Au mois de septembre les taux de prêt immobilier sont redescendus, et beaucoup prédisent qu'il en sera de même pour le mois d'octobre.

En conclusion, les banques européennes sont solides, et parmi elles les banques françaises font figure de meilleures élèves. Le régulateur européen va maintenant encadrer les grands acteurs, et le système français reste fidèle à ses principes de prudence.

Il n'y a plus qu'à espérer que l'on fasse de même de l'autre côté de l'Atlantique, pour envisager une reprise économique globale.