L'immobilier américain aux antipodes de la France

En France tout comme aux États-Unis les taux de prêt immobilier sont au plus bas, mais de ce côté-ci de l'Atlantique les ménages peinent à se décider. En conséquence les ventes d'immobilier neuf sont en chute libre, et le moral des promoteurs n'est pas au beau fixe. Pendant ce temps aux USA les prix des maisons augmentent, et si les mises en chantier diminuent c'est uniquement à cause de la météo. La seule inquiétude des promoteurs américains concerne l'offre de terrain, tandis que les acheteurs ont confiance dans leur économie. Tout le contraire de notre bonne vieille France.

L'immobilier aux États-Unis va plutôt bien

Hausse des prix des maisons et des promesses de vente

Selon l'enquête mensuelle S&P/Case-Shiller synthétisée par Reuters, le prix moyen des maisons est en hausse globale de + 4,6 % en janvier, par rapport à janvier 2014. Il ne s'agit pas d'un fait nouveau, le mois de décembre avait enregistré une poussée de + 4,4 %.

Cet indice se porte sur 20 grandes agglomérations, dont certaines comme Denver, Miami et Dallas ont vu des hausses de prix dépasser les 8 %. À côté d'elles San Francisco fait figure de mauvais élève, avec « seulement » + 7,9 % ».

Mais un autre signe permet de présager une croissance immobilière, au moins pour les 3 prochains mois. Les chiffres réunis à la fin mars mettaient en avant une hausse des signatures de promesse de vente en février, ayant alors atteint « leur plus haut niveau depuis un an et demi ». D'après la fédération locale des agents immobiliers citée par Reuters, l'indice aurait augmenté de + 3,1 %. Aux États-Unis il ne se passe généralement pas plus de 2 mois entre l'avant-contrat et l'acte définitif, il est donc raisonnable d'anticiper sur une hausse des transactions immobilières pour ce mois-ci.

La croissance immobilière ne passera pas par l'ancien

Le problème aux États-Unis n'est pas tant de trouver des acheteurs, mais des vendeurs. Alors qu'en France ces derniers doivent abaisser leurs prix de plus de 2 % en région parisienne pour attirer les premiers, outre-Atlantique les reventes se font rares, à l'échelle du pays tout du moins.

En février « seuls » 4,88 millions de logements anciens ont été revendus, ce qui représente tout de même une hausse de + 1,2 % sur 1 an. Le mois de janvier avait été plutôt mauvais avec « uniquement » 4,82 millions d'unités, un chiffre en baisse de -4,9 % sur 1 an.

La construction au secours de l'immobilier américain

C'est une nouvelle comme on aimerait pouvoir en lire de la part des promoteurs français et du ministère du logement. Alors que dans l'Hexagone on enregistre une chute des ventes de logements neufs de -3,9 % l'année dernière, les promoteurs américains retrouvent le sourire qu'ils avaient perdu il y a 7 ans.

En février ils ont vendu 539 000 unités, soit une progression de + 7,8 % sur 1 an, performance qu'ils n'avaient pas atteint au plus fort de la crise en février 2008. On s'aperçoit même que finalement les chiffres de janvier ont été meilleurs, s'établissant à 500 000 ventes. Des résultats qui ont toutefois surpris les économistes interrogés par Reuters, qui tablaient sur 465 000 unités écoulées.

La mauvaise météo vient jouer les trouble-fêtes

Les chiffres de l'immobilier aux États-Unis auraient pu être meilleurs sans la météo. Les tempêtes de neige du mois de février ont paralysé une partie du pays, obligeant les constructions à s'arrêter jusqu'à ce que le ciel cesse de leur tomber sur la tête.

C'est ainsi qu'entre janvier et février, les mises en chantier ont chuté de -17 %, pour atteindre tout de même 897 000 unités. Bien sûr il faut comparer ce qui est comparable et notamment ramener ces chiffres en termes de population active, mais en France les données corrigées du Commissariat général au développement durable font état de 351 100 démarrages de chantier au cours des 12 derniers mois, une baisse de -10,5 %.

Les acheteurs américains ont le moral

Si le recul des mises en chantier atteint -3,3 % en février sur 1 an et en partie à cause du mauvais temps, les analystes s'attendent à mieux. L'amélioration du marché du travail devrait permettre à de nombreux jeunes de quitter le foyer familial pour acheter leur propre résidence principale. C'est également ce que pensent les promoteurs, qui se sont vu accorder 1,9 millions de permis de construire en 1 an, chiffre en augmentation de + 3 % en février.

Et même si la croissance d'octobre à décembre n'est « que de »  + 2,2 %, les dépenses de consommation ont progressé de + 4,4 %. L'appréciation du dollar par rapport à l'euro n'y est pas étranger, mais les ménages américains ont confiance en leur économie. L'emploi repart et le coût de la vie diminue grâce à un gallon d'essence au plus bas qu'il n'a jamais été.

 

En France : plus de permis de construire, moins de départ de chantiers

Pendant ce temps en France, les dernières statistiques du Commissariat général au développement durable montrent que les nouvelles autorisations de chantier n'ont augmenté que de + 0,1 %. Et encore, ce chiffre est surtout tiré vers le haut par les logements individuels (+ 0,3 %), les nouveaux permis de construire en habitat collectif n'ayant pas évolué.

Les démarrages de chantier de logements collectifs sont en baisse par rapport au trimestre précédent, bien que modérément à - 0,8 %. Le réveil est surtout dur du côté des logements individuels neufs, dont les démarrages de chantier ont perdu - 3,4 % d'un trimestre à l'autre.

Au total les municipalités ont autorisé la construction de 25 500 logements neufs en février, et les promoteurs en ont démarré 25 100. Les chiffres ne portent guère à l'optimisme, pour être en baisse de respectivement -8,3 % et -8 %, de décembre à février 2015, par rapport à la même période l'année précédente.

Chez nous c'est en Alsace que l'on trouve les champions de la construction, pour être la seule région dans la zone verte. Les promoteurs ayant construit 11 200 logements neufs depuis 1 an à la fin février, une progression de + 16,9 % comparé à l'année dernière.

C'est qu'en France les jeunes ont toujours du mal à devenir propriétaires, malgré l'amélioration du PTZ+. Ils en ont la motivation, les municipalités les aident à acheter du neuf, mais il leur reste à avoir confiance en l'avenir ainsi qu'en leur situation financière personnelle.