La frénésie immobilière ne fera pas remonter les prix

On ne le répétera jamais assez, l'augmentation des taux de prêt immobilier reste limitée. Il était logique à ce stade que les banques révisent leurs conditions à la hausse, surtout pour faire face à la demande grandissante de ces dernières semaines. C'est dans ce contexte que les prix des maisons et des appartements repartent légèrement à la hausse en province, et continuent de baisser en Île-de-France. Il semble que la bonne vielle loi de l'offre et de la demande n'aura que peu d'effets sur le marché immobilier, car les acheteurs ne l'entendent pas de cette oreille. Voici les enseignements que nous apportent la dernière note de conjoncture des notaires de France.

Les prix de l'immobilier vont diminuer

les transactions signées de janvier à mars montrent que le m² perd -2,7 % sur 1 an, et -0,3 % sur 3 mois. Mais les différences commencent à apparaître dès que l'on trace la frontière de l'agglomération parisienne. En Île-de-France les 3 premiers mois de l'année montrent que les prix de l'immobilier ancien perdent -0,7 %, alors qu'en province ils gagnent +0,1 %. Toutefois la différence reste bien présente sur 1 an. En région parisienne le marché affiche -2,6 %, contre -2,8 % en province.

Mais encore une fois il s'agit des transactions passées, et lorsque la note de conjoncture des notaires se penche sur les avants contrats signés, on voit que la tendance continue. Alors qu'à la fin mars les appartements anciens avaient perdu - 2 % en 1 an, à la fin août les notaires ne seraient pas surpris de les voir descendre à -3,3 %. Quant aux maisons anciennes elles accusaient -2,3 % à la fin du 1er trimestre, et pourraient glisser à -2,5 % le mois prochain.

 

Le coût des travaux pose problème

Dans cette note de conjoncture de juillet, les notaires constatent « une augmentation du volume des transactions pour ce qui concerne le marché de l'ancien ». Une fois n'est pas coutume, la loi de l'offre et la demande ne débouchera pas sur une remontée des prix du m². Si l'on observe une tendance à la hausse en province, il ne s'agirait que d'un effet saisonnier, ayant poussé les accédants à la propriété à acheter au printemps pour emménager en été.

Non les prix de l'immobilier ne vont pas augmenter, car « les acquéreurs négocient systématiquement les prix affichés par les vendeurs ». C'était déjà le cas il y a quelques mois, mais cette fois-ci les vendeurs « se sont enfin résignés à revoir leurs prétentions à la baisse ».

Cette acceptation de la réalité par les vendeurs, associée à un début de hausse des taux immobiliers, « pourrait laisser entrevoir une reprise de l'activité dans ce secteur ». Mais les notaires restent très prudents sur leurs prédictions, pointant du doigt le coût des travaux. Les études notariales ont observé que la facture des rénovations débouchait quelquefois sur un prix final comparable à ceux de l'immobilier neuf. Mieux encore, lorsque des mises aux normes sont nécessaires on obtient un budget supérieur à celui d'une construction neuve.

 

Les taux d'emprunt immobilier restent attractifs

Certes 30 enseignes bancaires ont déjà relevé leurs taux d'intérêt, mais cet ajustement reste de faible ampleur. Chez Vousfinancer.com on arrive toujours à obtenir 2,3 % (hors assurance) sur 25 ans pour les meilleurs profils. Les bons profils peuvent toujours rembourser à 2,35 % sur 20 ans, et les secundo accédant les plus intéressants pour une banque bénéficient même de 1,7 % sur 15 ans.

Si les banques proposent des taux supérieurs à 3 %, c'est uniquement sur des durées de 30 ans ce qui rend l'opération non viable.

Les ménages disposant d'un apport personnel suffisant pour rembourser un prêt sur 10 ans, peuvent alors obtenir 1,7 % de taux d'intérêt. À ce niveau l'investissement immobilier devient de plus en plus avantageux. Les notaires constatent toutefois que le dispositif Pinel concurrence durement les appartements anciens de petite taille.

Désormais le particulier investisseur préfère se tourner vers des programmes immobiliers neufs, qui s'ils sont plus chers à l'achat permettent d'obtenir des remises d'impôts qui viennent compenser la différence.

 

Quel avenir pour le marché de l'immobilier neuf

Heureusement que les investisseurs poussent la porte des bureaux des promoteurs. L'investissement locatif représente une grande part des ventes du 1er trimestre 2015, mais les notaires s'interrogent sur l'avenir du marché.

Car le secteur de la construction n'arrive toujours pas à se relancer, malgré la volonté affichée des autorités. Les chiffres de ministère du développement durable parlent d'eux-mêmes, le nombre de permis de construire accordés baisse de -1,2 % d'un trimestre à l'autre, et les départs de chantier sont en berne de -4,3 %. En diminuant l'offre lorsque les ventes augmentent, les promoteurs entendent ainsi sécuriser leurs stocks dans une période difficile.

Car ils n'ont pour eux que les remises d'impôt du dispositif Pinel pour doper les ventes, le PTZ+ restant parfois insuffisant pour compenser la différence de prix entre l'immobilier neuf et ancien.

 

Prix de l'immobilier ancien : ces grandes disparités françaises

Des appartements du simple au quadruple

Bien entendu la différence séparant la ville la plus chère et la moins chère de France est un fossé de la taille d'un canyon. À Paris les appartements anciens se sont signés en médiane à 7910 €/m² de janvier à mars, tandis qu'à Saint-Etienne ils se vendaient 920 €/m².

Mais une forte différence existe également avec la grande sœur, Lyon, située seulement à une centaine de km. Chez les gones on achète un appartement ancien à 3210 €/m² en médiane, 2,5 fois plus cher que dans la cité stéphanoise.

Plus à l'est, de Mulhouse à Strasbourg on passe du simple au double, de 1030 €/m² à 2370 €/m².

Les prix des maisons anciennes s'ajustent à la baisse dans le Sud

Toulouse, Montpellier et Marseille voient le prix de leurs maisons anciennes s'ajuster à la baisse. La magie de l'aéronautique a fait son effet dans la ville rose, désormais la transaction médiane chute de -2,8 %, à 257 400 €. À Montpellier le marché revient de ses effusions, désormais les maisons anciennes se vendent à 287 000 €, en baisse de -3,2 % sur 1 an. À Marseille elles descendent de -1,6 % à 300 000 €, mais restent toutefois loin derrière Toulon.

Dans le poumon économique du Var il faut compter 346 100 € pour devenir propriétaire d'une maison ancienne, les prix ayant augmenté de +0,9 % sur 1 an.