Portrait de Sylvia Pinel et des défis qui l'attendent

La nouvelle ministre du logement s'appelle Sylvia Pinel, elle succède à Cécile Duflot. Les professionnels de l'immobilier se seraient sans doute réjouis du départ de la ministre EELV, n'eût été le profil de Mme Pinel. Il faut dire que le challenge qui l'attend est de taille, car il s'agira de relancer la construction de logements dans un environnement de perte de confiance. Portrait de Sylvia Pinel, de ses faits d'armes et du chantier immobilier.

Portrait de Sylvia Pinel

Une ministre du logement issue du Parti Radical de Gauche

Sylvia Pinel est née le 28 septembre 1977 en Haute-Garonne, et est issue du Parti Radical de Gauche (PRG), dirigée par Jean-Michel Baylet. Inconnue du grand publique car plutôt discrète par rapport à la très médiatique Cécile Duflot, Mme Pinel faisait pourtant partie du gouvernement de Jean-Marc Ayrault en tant que ministre délégué d'abord, puis ministre de l'artisanat, et enfin au tourisme. Elle a été réélue en tant que député de la deuxième circonscription du Tarn-et-Garonne.

La formation de la nouvelle ministre du logement

Si Cécile Duflot était diplômée de l'ESSEC en économie urbaine, Sylvia Pinel a suivi une tout autre voie. Titulaire d'un DESS en contentieux et arbitrage et d'un DEA en droit fondamental et européen, la nouvelle ministre du logement aura besoin de se plonger rapidement dans le bain pour comprendre la problématique qui l'attend.

Ses faits d'armes au gouvernement

Sylvia Pinel a certainement eu besoin de sa formation en contentieux et arbitrage au cours de sa présence au ministère de l'artisanat. Au printemps 2013, elle annonce son intention de réformer le statut des autos-entrepreneurs. La levée de boucliers qui s'en suit donne naissance au mouvement des poussins, porté par la Fédération Des Autos Entrepreneurs (FDAE). La réforme fut finalement adoptée, mais un niveau très moindre.

Fin 2013, ce sont les artisans et commerçants qui prennent le relais sous le label « les sacrifiés ». Ils protestent contre de nouveaux prélèvements fiscaux et sociaux, et dirigent leurs doléances vers Sylvia Pinel.

Mme Pinel se retrouva ensuite sur le volet du tourisme, en toute discrétion. Le journal Le Parisien.fr site la conclusion du président du syndicat des hôteliers et restaurateurs (UMIH), M. Roland Héguy, le ministère était « bien trop lourd à gérer pour avoir une bonne écoute ».

Le chantier immobilier qui attend Sylvia Pinel

Relancer la construction

Selon les derniers statistiques du ministère du développement durable, le nombre d'autorisations de construction de logements a baissé de -6,4 % de décembre 2013 à février 2014. Les mises en chantier ont diminuées de -3,8 % sur la même période.

Au cours de l'année 2013, le nombre de constructions autorisées à baissé de -12,6 % par rapport à 2012. Mme Sylvia Pinel va devoir réinstaurer la confiance des promoteurs et des investisseurs afin d'inverser la courbe.

Mise en place de la loi ALUR

Cécile Duflot aura été active durant son mandat. Après avoir réinstauré un procédé de défiscalisation basé sur le principe de la loi Scellier et justement nommée loi Duflot, elle s'est attaquée au plafonnement du loyer.

Sa loi ALUR (Accès au Logement et à un Urbanisme Rénové) a été publié au Journal Officiel en mars, elle entrera en application dès que le dispositif sera en place. C'est précisément à Sylvia Pinel que reviendra la tâche de tout mettre sur pied.

Madame Pinel devra tout d'abord créer les observatoires immobiliers locaux, qui seront chargés de déterminer un loyer médian pour servir de base de calcul au plafond de loyer.

Sylvia Pinel devra également faire appliquer la Garantie Universelle des Loyers (GUL). Il s'agira en tout premier lieu de trouver les quelques 420 millions d'euros nécessaires la première année, dans les caisses d'Action Logement.

L'état du marché de l'immobilier

Des taux immobiliers particulièrement bas

La nouvelle ministre du logement Sylvia Pinel pourra s'appuyer sur des taux de prêt immobilier particulièrement bas. Elle devra en revanche tenir compte des exigences des banques en matière d'apport personnel.

Des banques motivées, mais frileuse

La responsable des relations banque chez Vousfinancer.com, Mme Sandrine Allonier, précise dans les colonnes du site Le Figaro.fr que « chaque établissement a aujourd'hui sa propre stratégie commerciale ».

Et d'ajouter que « les banques sont confrontées à de nouvelles règles prudentielles qui leur imposent de prendre moins de risques. De plus, elles redoutent une poursuite de la baisse des prix de l'immobilier ».

Possibilité de baisse des prix du mètre carré

Une étude conjointement menée par l'INSEE et les notaires de France, montre que les prix du mètre carré de l'ancien ont perdu 1,4 % sur un an. Suffisamment donc pour réjouir les acheteurs, mais également pour inquiéter les banques.

Une banque n'accordera de prêt immobilier que si elle est certaine de pouvoir récupérer son capital en cas de défaut de l'emprunteur. Or, pour cela il faut que la valeur marchande du bien immobilier soit supérieure au montant du capital restant.

C'est pour cette raison que les banques demandent un apport couvrant au moins les frais d'achat. Cependant, les banques innovent en allant chercher d'autres ressources auprès de la clientèle. Sandrine Allonier précise que les banques « privilégient les clients avec lesquels elles pourront entretenir une relation durable ».

C'est ainsi qu'un couple percevant au moins 60 000 € en province, pourra obtenir un prêt immobilier à 2,95 % sur 20 ans. Seule condition : qu'il domicile son compte courant dans les coffres de son nouveau prêteur.

Des acheteurs démotivés

Selon un sondage Ipsos publié par le site Le Figaro.fr, seulement 10 % des Français projettent d'acheter un bien immobilier dans l'année. À priori 3 % d'entre eux devront se tourner vers l'immobilier neuf, car le sondage Ipsos révèle que 7 % des Français ont l'intention de vendre.

Rappelons que les promoteurs ont volontairement diminué leur production, suite à un stock d'environ 100 000 logements neufs invendus en France. Si l'acheteur immobilier français moyen apprécie le caractère de charme de l'ancien, il est conscient des économies d'énergie réalisées dans une habitation neuve. C'est ce qu'il en ressort d'une enquête Habitat 2014, paru dans la version patrimoine du site les Échos.fr.

C'est dans cet environnement où toutes les conditions sont réunies à l'exception du bon moral, que la nouvelle ministre du logement, Sylvia Pinel, devra évoluer.